• Ils vont, beaux amoureux, côte à côte, en silence,
    Les yeux baissés à terre, et la main dans la main,
    Sans songer qu’ils sont seuls, éloignés du chemin,
    Et que la nuit s’abat sur la forêt immense.

    Où vont-ils ? Où le cœur les conduit sans défense,
    Impatients et doux sous l’aiguillon divin ;
    Lui, du désir d’oser tout ému dans son sein,
    Elle, tremblant...

  •  
    DAPHNIS.
    Hélène daigna suivre un berger ravisseur
    Berger comme Pâris, j'embrasse mon Hélène.

    NAÏS.
    C'est trop t'enorgueillir d'une faveur si vaine.

    DAPHNIS.
    Ah ! ces baisers si vains ne sont pas sans douceur.

    NAÏS.
    Tiens ; ma bouche essuyée en a perdu la trace.

    DAPHNIS.
    Eh bien ! d'autres baisers en vont prendre la place...

  • Tu me fis d'imprévus et fantasques aveux
    Un soir que tu t'étais royalement parée,
    Haut coiffée, et ruban ponceau dans tes cheveux
    Qui couronnaient ton front de leur flamme dorée.

    Tu m'avais dit "Je suis à toi si tu me veux" ;
    Et, frémissante, à mes baisers tu t'es livrée.
    Sur ta gorge glacée et sur tes flancs nerveux
    Les frissons de Vénus perlaient ta...