(Extrait)
Il vous sied bien, Monsieur le Tibre,
De faire ainsi tant de façon,
Vous dans qui le moindre poisson
A peine a le mouvement libre :
Il vous sied bien de vous vanter
D'avoir de quoi le disputer
A tous les fleuves de la terre ;
Vous qui, comblé de trois moulins,
N'oseriez défier en guerre
La rivière des Gobelins.
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Ces atomes de feu qui sur la neige brillent,
Ces estincelles d'or, d'azur et de cristal
Dont l'hyver, au soleil, d'un lustre oriental
Pare ses cheveux blancs que les vents esparpillent ;
Ce beau cotton du ciel dequoy les monts s'habillent,
Ce pavé transparant fait du second metal,
Et cet air net et sain, propre à l'esprit vital,
Sont si doux à mes... -
Ruisseau qui cours après toi-même
Et qui te fuis toi-même aussi,
Arrête un peu ton onde ici
Pour écouter mon deuil extrême.
Puis, quand tu l'auras su, va-t'en dire à la mer
Qu'elle n'a rien de plus amer.
Raconte-lui comme Sylvie,
Qui seule gouverne mon sort,
A reçu le coup de la mort
Au plus bel âge de la vie,
Et que cet accident... -
Enfin la haute Providence
Qui gouverne à son gré le temps,
Travaillant à notre abondance
Rendra les laboureurs contents :
Sus ! que tout le monde s'enfuie,
Je vois de loin venir la pluie,
Le ciel est noir de bout en bout
Et ses influences bénignes
Vont tant verser d'eau sur les vignes
Que nous n'en boirons point du tout.
L'ardeur... -
Fagoté plaisamment comme un vrai Simonnet,
Pied chaussé, l'autre nu, main au nez, l'autre en poche,
J'arpente un vieux grenier, portant sur ma caboche
Un coffin de Hollande en guise de bonnet.
Là, faisant quelque fois le saut du sansonnet,
Et dandinant du cul comme un sonneur de cloche,
Je m'égueule de rire, écrivant d'une broche
En mots de Pathelin... -
(extraits)
Le coeur plein d'amertume et l'âme ensevelie
Dans la plus sombre humeur de la mélancolie,
Damon, je te décris mes travaux intestins,
Où tu verras l'effort des plus cruels destins
Qui troublèrent jamais un pauvre misérable,
À qui le seul trépas doit être désirable.
Un grand chien maigre et noir, se traînant lentement,
Accompagné d'... -
(extraits)
Quelle odeur sens-je en cette chambre ?
Quel doux parfum de musc et d'ambre
Me vient le cerveau réjouir
Et tout le coeur épanouir ?
Ha ! bon Dieu ! j'en tombe en extase :
Ces belles fleurs qui, dans ce vase,
Parent le haut de ce buffet,
Feraient-elles bien cet effet ?
A-t-on brûlé de la pastille ?
N'est-ce point ce vin... -
(extraits)
... Lors que ce chardon de Parnasse
Ce vain épouvantail de chasse
Ce Pot-pourri d'étranges moeurs,
Ce moine bourru des rimeurs,
Ce chaland de vieille tripière,
Ce faquin orné de rapière,
Cet esprit chaussé de travers,
Ce petit fagoteur de vers,
Vit sa pauvre muse chifflée
Et son espérance befflée
Après avoir été vingt ans... -
(extraits)
... Tout ce qu'autrefois j'ai chanté
De la Mer en ma Solitude,
En ce lieu m'est représenté
Où souvent je fais mon étude :
J'y vois ce grand Homme marin
Qui d'un véritable burin
Vivait ici dans la mémoire
Mon coeur en est tout interdit
Et je me sens forcé d'en croire
Bien plus qu'on ne m'en avait dit.
Il a le... -
Zephire a bien raison d'estre amoureux de Flore ;
C'est le plus bel objet dont il puisse jouyr ;
On voit à son eclat les soins s'esvanouyr,
Comme les libertez devant l'oeil que j'adore.
Qui ne seroit ravy d'entendre sous l'aurore
Les miracles volans qu'au bois je viens d'ouyr !
J'en sens avec les fleurs mon coeur s'espanouyr,
Et mon luth negligé...