La croisée est ouverte; il pleut
Comme minutieusement,
A petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant,
Feuille à feuille, la pluie éveille
L'arbre poudreux qu'elle verdit;
Au mur, on dirait que la treille
S'étire d'un geste engourdi.
L'herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l'on croirait là-bas...
Quand tu constates les ravages
Du mal qu’autrefois tu m’as fait,
Devant cette mer sans rivages,
Tu sembles rester stupéfait.
Et de tes paupières baissées,
Sur moi tombe un regard sans prix,
Ainsi se croisent nos pensées :
Tu soupires, moi je souris !
Par les vitres grises de la lavanderie,
J'ai vu tomber la, nuit d'automne que voilà...
Quelqu'un marche le long des fossés pleins de pluie...
Voyageur, voyageur de jadis, qui t'en vas,
A l'heure où les bergers descendent des montagnes,
Hâte-toi. - Les foyers sont éteints où tu vas,
Closes les portes au pays que tu regagnes...
La grande route est vide...