• III

    Polynice, Etéocle, Abel, Caïn ! ô frères !
    Vieille querelle humaine ! échafauds ! lois agraires !
    Batailles ! ô drapeaux, ô linceuls ! noirs lambeaux !
    Ouverture hâtive et sombre des tombeaux !
    Dieu puissant ! quand la mort sera-t-elle tuée ?
    Ô sainte paix !

    La guerre est la prostituée ;
    Elle est la concubine...

  • Louis, voici le temps de respirer les roses,
    Et d’ouvrir bruyamment les vitres longtemps closes ;
    Le temps d’admirer en rêvant
    Tout ce que la nature a de beautés divines
    Qui flottent sur les monts, les bois et les ravines
    Avec l’...

  • Charlemagne, empereur à la barbe fleurie,
    Revient d’Espagne ; il a le cœur triste, il s’écrie :
    « Roncevaux ! Roncevaux ! ô traître Ganelon ! »
    Car son neveu Roland est mort dans ce vallon
    Avec les douze pairs et toute son armée.
    Le laboureur des monts qui vit sous la ramée
    Est rentré chez lui, grave et calme, avec son chien ;
    Il a baisé sa femme au...

  • IV

    Qu'est-ce que cela fait à cette grande France ?
    Son tragique dédain va jusqu'à l'ignorance.
    Elle existe, et ne sait ce que dit d'elle un tas
    D'inconnus, chez les rois ou dans les galetas ;
    Soyez un va-nu-pieds ou soyez un ministre,
    Vous n'avez point du mal la majesté sinistre ;
    Vous bourdonnez en vain sur son éternité....

  •  
    Cynthée, Athénien proscrit, disait ceci :
    Un jour, moi Cynthœus et Méphialte aussi,
    Tous deux exilés, lui de Sparte, moi d'Athènes,
    Nous suivions le sentier que voici dans les plaines,
    Car on nous a bannis au désert de Thryos.
    Un bruit pareil au bruit de mille chariots,
    Un fracas comme en peut faire un million d'hommes,
    S'éleva tout à coup dans...

  •  
    Les anges effarés viennent voir notre cage,
    Et se disent : " - Vois donc celui-ci, celui-là,
    Voici Tibère, une hydre au fond d’un marécage ;
    Regarde le Malthus auprès de l’Attila. " -

    Ils répètent entre eux les noms dont on nous nomme,
    Mêlés à d’autres noms que nous ne savons pas.
    Ils disent : " - C’est donc là ce qu’on appelle l’homme !
    Une...

  • III

    Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
    Berceuse du chaos où le néant oscille,
    Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons,
    Toute pleine du bruit furieux des clairons,
    Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie,
    Hideuse, entraîne l'homme en cette ivrognerie,
    Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit,
    Où flotte...

  • Bivar était, au fond d’un bois sombre, un manoir
    Carré, flanqué de tours, fort vieux, et d’aspect noir.
    La cour était petite et la porte était laide
    Quand le scheik Jabias, depuis roi de Tolède,
    Vint visiter le Cid au retour de Cintra.
    Dans l’étroit patio le prince maure entra ;
    Un homme, qui tenait à la main une étrille,
    Pansait une jument attachée à...

  •  
    Que je prenne un moment de repos ? Impossible.
    Koran, Zend-Avesta, livres sibyllins, Bible,
    Talmud, Toldos Jeschut, Védas, lois de Manou,
    Brahmes sanglants, santons fléchissant le genou,
    Les contes, les romans, les terreurs, les croyances,
    Les superstitions fouillant les consciences,
    Puis-je ne pas sentir ces creusements profonds ?
    J’en ai ma...

  • Booz s'était couché de fatigue accablé ;
    Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
    Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
    Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.

    Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
    Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
    Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
    Il n'avait pas d'...