• Ô Virgile ! ô poëte ! ô mon maître divin !
    Viens, quittons cette ville au cri sinistre et vain
    Qui, géante, et jamais ne fermant la paupière,
    Presse un flot écumant entre ses flancs de pierre,
    Lutèce, si petite au temps de tes césars,
    Et qui jette aujourd’hui, cité pleine de chars,
    Sous le nom éclatant dont le monde la nomme,
    Plus de clarté qu’Athène...

  • XXXIX

    A. L.

    Toute espérance, enfant, est un roseau.
    Dieu dans ses mains tient nos jours, ma colombe ;
    Il les dévide à son fatal fuseau,
    Puis le fil casse et notre joie en...

  • L’HOMME

    Je suis l’esprit, vivant au sein des choses mortes.
    Je sais forger les clefs quand on ferme les portes ;
    Je fais vers le désert reculer le lion ;
    Je m’appelle Bacchus, Noé, Deucalion ;
    ...

  •  
    Interea fessos ventus cum sole reliquit, etc.
    (Liv. III.)

      Le jour meurt : l’aquilon s’endort au sein des nues,
    Nous abordons d’Enna les rives inconnues ;
    Un grand port loin des vents nous offrait ses abris,
    Mais l’Etna sur ces bords vomit d’affreux débris.
    Tantôt s’ouvre en tonnant son immense cratère,
    De longs torrents de...

  • I

    Ah ! c'est un rêve ! non ! nous n'y consentons point.
    Dresse-toi, la colère au coeur, l'épée au poing,
    France ! prends ton bâton, prends ta fourche, ramasse
    Les pierres du chemin, debout, levée en masse !
    France ! qu'est-ce que c'est que cette guerre-là ?
    Nous refusons Mandrin, Dieu nous doit Attila.
    Toujours, quand il...

  •  
    Germanie. Forêt. Crépuscule. Camp. Majorien à un créneau.
    Une immense horde humaine emplissant l'horizon.

    UN HOMME DE LA HORDE.

    Majorien, tu veux de l'aide. On t'en apporte.

    ...

  •  
    Ô sinistres forêts, vous avez vu ces ombres
    Passer, l'une après l'autre, et, parmi vos décombres,
    Vos ruines, vos lacs, vos ravins, vos halliers,
    Vous avez vu courir ces deux noirs chevaliers ;
    Vous avez vu l'immense et farouche aventure ;
    Les nuages, qui sont errants dans la nature,
    Ont eu cette épouvante énorme au-dessous d'eux ;
    La victoire...

  • I

    Fils du ciel, je fuirai les honneurs de la terre ;
    Dans mon abaissement je mettrai mon orgueil ;
    Je suis le roi banni, superbe et solitaire,
    Qui veut le trône ou le cercueil.
    Je hais le bruit du monde, et je crains sa poussière.
    La retraite, paisible et fière,
    Réclame un coeur indépendant ;
    Je ne veux point d'esclave, et ne...

  • I

    L’âme humaine est sans cesse en tous les sens poussée.

    Dans l’étrange forêt qu’on nomme la pensée,
    Tout existe. Sina n’exclut pas Cythéron.
    La douce flûte alterne avec le fier clairon ;
    Le fifre railleur donne aux lyres la réplique ;
    Ici Vesta cachée, et là Vénus publique ;
    Le taillis chaste admet les faunes impudents ;...

  •  
    Quoi ! le libérateur qui par degrés desserre
    La double chaîne noire, ignorance et misère,
    Le balayeur qui jette au vent le préjugé,
    Quoi ! l'immense marcheur, jamais découragé,
    Le Progrès, qui de flamme éblouit le vulgaire,
    Détrône l'échafaud et musèle la guerre,
    Qui fait avec les mœurs des ratures aux lois,
    Change en romain l'étrusque, en...