• Tout seul,
    Que le berce l'été, que l'agite l'hiver,
    Que son tronc soit givré ou son branchage vert,
    Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,
    Il impose sa vie énorme et souveraine
    Aux plaines.

    Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans
    Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;
    Les yeux aujourd'hui morts, les yeux
    ...

  • Dans la cave très basse et très étroite, auprès
    Du soupirail prenant le jour au Nord, les jarres
    Laissaient se refroidir le lait en blanches mares
    Dans les rouges rondeurs de leur ventre de grès.

    Ou eût dit, à les voir dormir dans un coin sombre,
    D'énormes nénuphars s'ouvrant par les flots lents,
    Ou des mets protégés par des couvercles blancs
    Qu'...

  • I

    Des buissons lumineux fusaient comme des gerbes ;
    Mille insectes, tels des prismes, vibraient dans l'air ;
    Le vent jouait avec l'ombre des lilas clairs,
    Sur le tissu des eaux et les nappes de l'herbe.
    Un lion se couchait sous des branches en fleurs ;
    Le daim flexible errait là-bas, près des panthères ;
    Et les paons déployaient des faisceaux de...

  • Vénus,
    La joie est morte au jardin de ton corps
    Et les grands lys des bras et les glaïeuls des lèvres
    Et les grappes de gloire et d'or,
    Sur l'espalier mouvant que fut ton corps,
    ont morts.

    Les cormorans des temps d'octobre ont laissé choir
    Plume à plume, leur deuil, au jardin de tes charmes ;

    Mélancoliques, les soirs
    Ont laissé...

  • En tes rêves, en tes pensées,
    En ta main souple, en ton bras fort,
    En chaque élan tenace où s'exerce ton corps
    La chance active est ramassée.

    Dis, la sens-tu, prête à bondir
    Jusques au bout de ton désir ?
    La sens-tu qui t'attend, et te guette et s'entête
    A éprouver quand même, et toujours, et encor
    Pour ton courage et pour ton réconfort...

  • Après avoir lavé les puissants mufles roux
    De ses vaches, curé l'égout et la litière,
    Troussé son jupon lâche à hauteur des genoux,
    Ouvert, au jour levant, une porte à chatière,

    Kato, la grasse enfant, la pataude, s'assied,
    Un grand mouchoir usé lui recouvrant la nuque,
    Sur le vieil escabeau qui ne tient que d'un pied,
    Dans l'ombre dense, où luit...

  • Les guirlandes du vent joli
    Tournent, gaîment, autour des Mâts ;
    Au long du quai dorment, par tas,
    Les avirons clairs et polis.

    Et les cloches sonnent aux tours d'Ostende.

    Aux carrefours, aux fenêtres, sur les trottoirs,
    Ceux des dunes, des champs, des bourgs, des landes,
    Tous sont accourus voir
    Saintes et saints de la légende
    ...

  • En mai, les grands vergers de la Flandre féconde
    Sont des morceaux de paradis qui se souviennent
    D'avoir fleuri si blancs, aux premiers temps du monde.

    Les yeux qui voient croient voir une aile aérienne
    Parmi les lointains purs doucement remuée,
    Les éventer du fond du ciel, sous les nuées.

    Le vent, qui chante et rit, murmure une louange
    A l'...

  • L'entendez-vous, l'entendez-vous
    Le menu flot sur les cailloux ?
    Il passe et court et glisse
    Et doucement dédie aux branches,
    Qui sur son cours se penchent,
    Sa chanson lisse.

    Là-bas,
    Le petit bois de cornouillers
    Où l'on disait que Mélusine
    Jadis, sur un tapis de perles fines,
    Au clair de lune, en blancs souliers,
    Dansa ;...

  • Et celui-ci puissant, compact, pâle et vermeil,
    Remue, en ses mains d'eau, du gel et du soleil ;
    Et celui-là étale, entre ses rives brunes,
    Un jardin sombre et clair pour les jeux de la lune ;

    Et cet autre se jette à travers le désert,
    Pour suspendre ses flots aux lèvres de la mer
    Et tel autre, dont les lueurs percent les brumes
    Et tout à coup s'...