En un plein jour, larmé de lampes,
Qui brûlent en l'honneur
De tout l'inexprimé du coeur,
Le silence, par un chemin de rampes,
Descend vers ma rancoeur.
Il circule très lentement
Par ma chambre d'esseulement ;
Je vis tranquillement en lui ;
Il me frôle de l'ombre de sa robe ;
Parfois, ses mains et ses doigts d'aube
Closent les yeux de...
-
-
La plaine, au fond des soirs, s'est allumée,
Et les tocsins cassent leurs bonds de sons,
Aux quatre murs de l'horizon.
- Une meule qui brûle ! -
Par les sillages des chemins, la foule,
Par les sillages des villages, la foule houle
Et dans les cours, les chiens de garde ululent.
- Une meule qui brûle ! -
La flamme ronfle et... -
Au fond du choeur monumental,
D'où leur splendeur s'érige
- Or, argent, diamant, cristal -
Lourds de siècles et de prestiges,
Pendant les vêpres, quand les soirs
Aux longues prières invitent,
Ils s'imposent, les ostensoirs,
Dont les fixes joyaux méditent.
Ils conservent, ornés de feu,
Pour l'universelle amnistie,
Le baiser blanc... -
Pour vivre clair, ferme et juste,
Avec mon coeur, j'admire tout
Ce qui vibre, travaille et bout
Dans la tendresse humaine et sur la terre auguste.
L'hiver s'en va et voici mars et puis avril
Et puis le prime été, joyeux et puéril.
Sur la glycine en fleurs que la rosée humecte,
Rouges, verts, bleus, jaunes, bistres, vermeils,
Les mille... -
Vous m'avez dit, tel soir, des paroles si belles
Que sans doute les fleurs, qui se penchaient vers nous,
Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles,
Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.
Vous me parliez des temps prochains où nos années,
Comme des fruits trop mûrs, se laisseraient cueillir ;
Comment éclaterait le glas des destinées,
... -
Comme à d'autres, l'heure et l'humeur :
L'heure morose ou l'humeur malévole
Nous ont, de leurs sceaux noirs, marqué le coeur,
Mais, néanmoins, jamais,
Même les soirs des jours mauvais
Nos coeurs ne se sont dit les fatales paroles.
La sincérité claire, ardente, illuminée,
Nous fut joie et conseil,
Si bien que notre âme passionnée
Toujours s'y... -
En automne, dans la douceur des mois pâlis,
Quand les heures d'après-midi tissent leurs mailles,
Au vestiaire, où les moines, en blancs surplis,
Rentrent se dévêtir pour aller aux semailles,
Les coules restent pendre à l'abandon. Leur plis
Solennellement droits descendent des murailles,
Comme des tuyaux d'orgue et des faisceaux de lys,
Et les... -
Des murs crépis, de pauvres toits,
Un pont, un chemin de halage,
Et le moulin qui fait sa croix
De haut en bas, sur le village.
Les appentis et les maisons
S'échouent, ainsi que choses mortes.
Le filet dort : et les poissons
Sèchent, pendus au seuil des portes.
Un chien sursaute en longs abois ;
Des cris passent, lourds et funèbres... -
Lorsque rentrent des alentours,
Tels soirs d'été, les attelages,
Les vieilles gens des vieux villages
Se rassemblent aux carrefours.
Les plus anciens semblent descendre
Du calvaire de leurs cent ans ;
Leurs petits yeux sont clignotants
Dans leur face couleur de cendre.
Ils sont à bout de tant marcher ;
Ils radotent, sourient et... -
Traînant leurs pas après leurs pas
Le front pesant et le coeur las,
S'en vont, le soir, par la grand'route,
Les gens d'ici, buveurs de pluie,
Lécheurs de vent, fumeurs de brume.
Les gens d'ici n'ont rien de rien,
Rien devant eux
Que l'infini de la grand'route.
Chacun porte au bout d'une gaule,
Dans un mouchoir à carreaux bleus,
...