• L’ANCIENNE FOI

    Si ton nom sonne creux dans ma ferme poitrine,
    Si mon âme est un lieu de décombres rempli
    Où ma croyance ancienne est vouée à l’oubli,
    Seigneur, je n’ai rien fait pour hâter ma ruine.

    Je t’ai longtemps servi d’un cœur timide et doux,
    Criant vers ton silence et ma joie et ma crainte ;
    ...

  • L’Angleterre !
    Elle s’ancrait parmi les eaux,
    Comme un immense et solide vaisseau
    Fait de granit et de terre ;
    ...

  • Hôtels du Vieux Rempart et de la Cour du Prince,

    Secrètement, en des lieux sûrs,
    Vous recélez entre vos murs,

    Les coffres-forts rivaux de l’avare province.

    Des muffles de lions se crispent aux vantaux

    Lourds et luisants de vos grand’portes,
    Et les cent lances d’...

  • Vous, dont les bras tenaces sont à vendre ;

    Faucheurs, aoûterons, betteraviers,
    Vous désertez vos champs familiers,
    Avec de la poussière de Flandre

    À vos souliers.

    Et vous roulez, dans les bagarres,

    De train en train, de gare en gare,
    Portant bissac à...

  • Quand les terreaux, déjà roussis et purpurins,
    Flamboient, sous les couchants mortuaires d’automne,
    On voit, d’un carrefour livide et monotone,
    Partir pour l’infini les arbres pèlerins ;

    Les pèlerins s’en vont, grands de mélancolie,
    Pensifs, pieux et lents, par les routes du soir,
    Les pèlerins géants et lourds et laissant choir
    Leur feuillage de...

  • Tandis qu’au loin, là-bas, autour des blancs moulins.

    Jeunes et vieux, garçons et filles,
    Soit par groupe, soit par familles,
    Sarclent un champ de lin,
    Et que les blés montent et montent,
    D’une poussée égale et prompte,
    Les villages soudain prennent un air guerrier :
    On fourbit avec hâte ; on lustre avec angoisse ;...

  • Tandis que la nuit froide étage sa terrasse
    Par au-delà des bruyères et des forêts,
    Le soir qui meurt, le soir ! jette sur les marais,
    L’éclair de son épée et l’or de son armure,

    Qui vont flottant au flot le flot, flottants et vains,
    À peine encor frôlés par la splendeur diurne,
    Mais lentement baisés, par la lèvre nocturne
    De la lune pieuse et douce,...

  • Elle était comme une rose pâlie ;
    Je la sentais discrète, autour de moi,
    Avec des mains de miel, pour ma mélancolie.

    Sa jeunesse touchait à ses heures de soir ;
    Quoique malade, elle était calme et volontaire
    Et m’imposait et sa tendresse et son espoir.

    Aucune ardeur, qui domptait par secousse ;
    C’était la sentir droite, en son...

  • Lointainement, et si étrangement pareils,
    De grands masques d’argent que la brume recule,
    Vaguent, au jour tombant, autour des vieux soleils.

    Les doux lointains ! — et comme, au fond du crépuscule,
    Ils nous fixent le cœur, immensément le cœur,
    Avec les yeux défunts de leur visage d’âme.

    C’est toujours du silence, à moins, dans la pâleur
    Du soir, un...

  • C’est bien là-bas, au bord des landes,
    Que le kiosque étrange et suranné
    Où leur amour est né
    Demeure et leur survit, abandonné ;
    C’est bien là-bas, au bord des landes,
    Où les bateaux monumentaux
    Mirent dans l’or et dans la boue
    ...