• Quand je reposerai dans la fosse, tranquille,
    Ayant autour de moi l'ombre éternellement ;
    Quand mes membres auront perdu le mouvement.
    Et mes orbites creux le regard qui scintille ;

    Cet être qui fut moi, ce pauvre rien fragile,
    Oublié dormira - pour jamais ossement -
    Et, loin du ciel voilé, silencieusement,
    Rien ne remuera plus sous la couche d'...

  • Me vient sourire en votre doux sourire,
    Me vient chagrin en vos minces chagrins,
    Me vient désir en vos désirs sans freins,
    Me vient lyrisme alors qu'êtes ma lyre.

    Me vient délire en vos nuits de délire,
    Me vient douceur en vos moments sereins,
    Me vient musique en vos chants souverains,
    Me vient fureur à l'heure de votre ire.

    Me vient...

  • Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
    Un amour éternel en un moment conçu :
    Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
    Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

    Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
    Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
    Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
    N'osant rien demander et n'ayant rien...

  • J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage,
    Comme un port où le c?ur, trop longtemps agité,
    Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage,
    Un dernier jour de calme et de sérénité.

    Une femme modeste, à peu près de mon âge
    Et deux petits enfants jouant à son côté ;
    Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage,
    Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été....

  • Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène,
    Évoque un souvenir fragilement rosé,
    Le souvenir, touchant comme un Saxe brisé,
    De ta naïveté fraîche de porcelaine.

    Notre chambre d'hier, où meurt la marjolaine,
    N'aura plus ton regard plein de ciel ardoisé,
    Ni ton étonnement puéril et rusé...
    Ô frissons de ta nuque où brûlait mon haleine !
    ...

  • Dans le soir triomphal la froidure agonise
    Et les frissons divins du printemps ont surgi ;
    L'Hiver n'est plus, vivat ! car l'Avril bostangi,
    Du grand sérail de Flore a repris la maîtrise.

    Certe, ouvre ta persienne, et que cet air qui grise,
    Se mêlant aux reflets d'un ciel pur et rougi,
    Rôde dans le boudoir où notre amour régit
    Avec les sons mourants que...

  • Par les pays des soirs, au nord de ma tristesse,
    Mous d'automne, le vent se pleure en de la pluie
    Et m'angoisse soudain d'une nuée enfuie,
    Avec un geste au loin d'âpre scélératesse.

    Est-ce la mort qu'annoncerait la prophétesse,
    Au fond de ce grand ciel d'octobre où je m'ennuie
    - Depuis quel temps ? - à suivre un vol d'oiseaux de suie
    Tourner dans l'...

  • Quand, par un jour de pluie, un oiseau de passage
    Jette au hasard un cri dans un chemin perdu,
    Au fond des bois fleuris, dans son nid de feuillage,
    Le rossignol pensif a parfois répondu.

    Ainsi fut mon appel de votre âme entendu,
    Et vous me répondez dans notre cher langage.
    Ce charme triste et doux, tant aimé d'un autre âge,
    Ce pur toucher du coeur...

  • " Je vous ai vue enfant, maintenant que j'y pense,
    Fraîche comme une rose et le coeur dans les yeux.
    - Je vous ai vu bambin, boudeur et paresseux ;
    Vous aimiez lord Byron, les grands vers et la danse. "

    Ainsi nous revenaient les jours de notre enfance,
    Et nous parlions déjà le langage des vieux ;
    Ce jeune souvenir riait entre nous deux,
    Léger comme un...

  • Jeune ange aux doux regards, à la douce parole,
    Un instant près de vous je suis venu m'asseoir,
    Et, l'orage apaisé, comme l'oiseau s'envole,
    Mon bonheur s'en alla, n'ayant duré qu'un soir.

    Et puis, qui voulez-vous après qui me console ?
    L'éclair laisse, en fuyant, l'horizon triste et noir.
    Ne jugez pas ma vie insouciante et folle ;
    Car, si l'étais...