• La Gueule parle : « L’or, et puis encore l’or,
    Toujours l’or, et la viande, et les vins, et la viande,
    Et l’or pour les vins fins et la viande, on demande
    Un trou sans fond pour l’or toujours et l’or encor ! »

    La Panse dit : « À moi la chute du trésor !
    La viande, et les vins fins,...

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    DANS cent lettres d’amour, Lisette et la Marquise
    Ont mis, pour un jeune homme, autrefois leur aveu.
    Vieillard, il les relit, un soir, les jette au feu,
    Et garde seulement la plus tendre, l’exquise.

    O Poète, tu crois que la gloire est conquise.
    C’est fait. Il est enfin déniché, l’Oiseau bleu !
    Mais combien de tes vers te survivront...

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    Je viens de loin : je viens d'un pays où l'artiste,
    Lotus ou mimosa, végète lentement,
    Où tout gémit et pleure, où tout est sombre et triste,
    Où, pour vivre, chacun ploie ou rampe humblement,

    Où le peuple abruti sommeille, fataliste,
    Pauvre fœtus qu'au front marqua l'avortement,
    Où tout un enfer hurle, et pullule, et subsiste,
    Vêtu de soie et...

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    J’ai voulu des jardins pleins de roses fleuries,
    J’ai rêvé de l’Éden aux vivantes féeries,
    De lacs bleus, d’horizons aux tons de pierreries ;
    Mais je ne veux plus rien ; il suffit que tu ries.

    Car, roses et muguets, tes lèvres et tes dents
    Plus que l’Éden, sont but de désirs imprudents,
    Et tes yeux sont des lacs de saphirs, et dedans
    S’...

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    Dans ces cycles, si grands que l’âme s’en effraie,
    L’impulsion première en mouvements voulus
    S’exerce. Mais plus loin la Loi ne règne plus :
    La nébuleuse est, comme au hasard, déchirée.

    Le monde contingent où notre âme se fraie
    Péniblement la route au pays des élus,
    Comme au-delà du ciel ces tourbillons velus
    S’agite discordant dans la valse...

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        Protectrice de ce qui s’efface et qui fuit,
        Souveraine des bois, des sommets et des rives,
        Toi qui prêtes un songe illusoire aux captives
        Que le malheur inné de leur race poursuit,

        Toi dont le regard froid et mystique traduit
        Le pâle amour de nos âmes contemplatives,
        Toi qui fais miroiter l’argent vert des olives,...

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    Sur la colline,
    Quand la splendeur
    Du ciel en fleur
    Au soir décline,

    L'air illumine
    Ce front rêveur
    D'une lueur
    Triste et divine.

    Dans un bleu ciel,
    O Gabriel !
    Tel tu rayonnes ;

    Telles encor
    Sont les madones
    Dans les fonds d'or.

  • Aux vitraux diaprés des sombres basiliques,
    Les flammes du couchant s’éteignent tour à tour ;
    D’un âge qui n’est plus précieuses reliques,
    Leurs dômes dans l’azur tracent un noir contour ;

    Et la lune paraît, de ses rayons obliques
    Argentant à demi l’aiguille de la tour
    Et les derniers rameaux des pins mélancoliques
    Dont l’ombre se balance et s’étend...

  • Merci à toi, à toi merci.
    TÉRÉSA.

    Avant cet heureux jour, j’étais sombre et farouche,
    Mon sourcil se tordait sur mon front soucieux,
    Ainsi qu’une vipère en fureur, et mes yeux
    Dardaient entre mes cils un regard fauve et louche.

    Un sourire infernal crispait ma pâle bouche.
    À cet âge candide où tout est pour le mieux,...

  • Liberté de juillet ! Femme au buste divin,
    Et dont le corps finit en queue !
    G. DE NERVAL.

    E la lor cieca vita è tanto bassa
    Ch’invidiosi son d’ogn’altra sorte.
    Inferno, canto III.

    Avec ce siècle infâme il est temps que l’on rompe ;
    Car à son front damné le doigt fatal a mis
    Comme aux...