• Ben oui, notre amour était mort
    Sous les faux des moissons dernières,
    (La javelle fut son suaire ...)
    Ben oui, notre amour était mort,
    Mais voici que je t'aime encor !

    Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds,
    Comme lorsqu'on cloue une bière,
    J'ai battu les gerbes sur l'aire ;
    Pan pan ! pan pan ! à grands coups sourds
    Sur le cercueil...

  • (Sonnet)

    A ma dame.

    Ton âme avait alors la blancheur des grands lys
    Que berce la chanson des vents rasant la terre ;
    L'Amour était encor pour toi tout un mystère,
    Et la sainte candeur te drapait dans les plis

    De sa robe... Ce fut par les bois reverdis,
    A l'heure où dans le ciel perce la lune austère.
    Je te vis, je t'aimai, je ne pus...

  • Le soir étend sur les grands bois
    Son manteau d'ombre et de mystère ;
    Les vieux menhirs, dans la bruyère
    Qui s'endort, veillent et des voix
    Semblent sortir de chaque pierre.
    L'heure est muette comme aux temps
    Où, dans les forêts souveraines,
    Les vierges blondes et sereines
    Et les druides aux cheveux blancs
    Allaient cueillir le gui des...

  • A mon ami Abel Renault.

    Le soir, quand paraît la première étoile,
    Les coeurs de tous ceux qui sont morts d'amour
    Viennent vers la terre et fendent le voile
    Qui les cache aux yeux des vivants, le jour.
    Alors, dans la nuit brune et fantastique,
    Leur sang meurtri pleut et retombe en pleurs
    Sur l'herbe, troublant la mélancolique
    Chanson de...

  • Sous les étoiles de septembre
    Notre cour a l'air d'une chambre
    Et le pressoir d'un lit ancien ;
    Grisé par l'odeur des vendanges
    Je suis pris d'un désir
    Né du souvenir des païens.

    Couchons ce soir
    Tous les deux, sur le pressoir !
    Dis, faisons cette folie ?...
    Couchons ce soir
    Tous les deux sur le pressoir,
    Margot, Margot, ma...

  • Nous sommes les crève-de-faim
    Les va-nu-pieds du grand chemin
    Ceux qu'on nomme les sans-patrie
    Et qui vont traînant leur boulet
    D'infortunes toute la vie,
    Ceux dont on médit sans pitié
    Et que sans connaître on redoute
    Sur la grand'route.

    Nous sommes nés on ne sait où
    Dans le fossé, un peu partout,
    Nous n'avons ni père, ni mère,...

  • (Chanson)

    Dans ce temps-là, je n'avais rien,
    Rien du tout dans mon escarcelle,
    Et ma lyre était tout mon bien ;
    Dans ce temps-là je n'avais rien
    Que de grands trous à mon pourpoint
    Et le coeur de ma damoiselle.
    Dans ce temps-là je n'avais rien,
    Rien du tout dans mon escarcelle.

    J'allais chanter dans les manoirs
    La geste du...

  • Dans vos yeux
    J'ai lu l'aveu de votre âme
    En caractères de flamme
    Et je m'en suis allé joyeux
    Bornant alors mon espace
    Au coin d'horizon qui passe
    Dans vos yeux.

    Dans vos yeux
    J'ai vu s'amasser l'ivresse
    Et d'une longue caresse
    J'ai clos vos grands cils soyeux.
    Mais cette ivresse fut brève
    Et s'envola comme un rêve...

  • A M. Bertrand, pour le remercier de l'accueil tout...
    évangélique qu'il m'a fait dans ses bureaux du Patriote.

    Quand les nouveau-nés, en leurs langes
    Dorment sur les bras des marraines
    Tels, de doux et blonds petits anges
    Tombés des étoiles sereines
    Digue digue dig, digue digue don !
    Chante aux enfançons le grand carillon
    Digue digue dig, digue...

  • Le vieux meunier dort, au fond d'un cercueil
    De chêne et de plomb, sous six pieds de terre,
    Et, dans le val plein d'ombre et de mystère,
    Le moulin repose en signe de deuil.

    La nuit a drapé ses murs de longs voiles
    Crêpes aux plis noirs et silencieux,
    Et sur le velours funèbre des cieux
    Roulent des pleurs d'or tombés des étoiles.

    La voix...