• Despotique, pesant, incolore, l'Eté,
    Comme un roi fainéant présidant un supplice,
    S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice
    Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté.

    L'alouette au matin, lasse, n'a pas chanté,
    Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse
    Ou ride cet azur implacablement lisse
    Où le silence bout dans l'immobilité.

    L'...

  • Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
    Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
    Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
    Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,

    C'en est fait à présent des funestes pensées,
    C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
    Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
    Et des mots où...

  • Il est grave : il est maire et père de famille.
    Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux
    Dans un rêve sans fin flottent insoucieux,
    Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille.

    Que lui fait l'astre d'or, que lui fait la charmille
    Où l'oiseau chante à l'ombre, et que lui font les cieux,
    Et les prés verts et les gazons silencieux ?
    Monsieur...

  • Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
    Tournez cent tours, tournez mille tours,
    Tournez souvent et tournez toujours,
    Tournez, tournez au son des hautbois.

    L'enfant tout rouge et la mère blanche,
    Le gars en noir et la fille en rose,
    L'une à la chose et l'autre à la pose,
    Chacun se paie un sou de dimanche.

    Tournez, tournez, chevaux de...

  • N'est-ce pas ? en dépit des sots et des méchants
    Qui ne manqueront pas d'envier notre joie,
    Nous serons fiers parfois et toujours indulgents.

    N'est-ce pas ? nous irons, gais et lents, dans la voie
    Modeste que nous montre en souriant l'Espoir,
    Peu soucieux qu'on nous ignore ou qu'on nous voie.

    Isolés dans l'amour ainsi qu'en un bois noir,
    Nos deux...

  • L'Océan sonore
    Palpite sous l'oeil
    De la lune en deuil
    Et palpite encore,

    Tandis qu'un éclair
    Brutal et sinistre
    Fend le ciel de bistre
    D'un long zigzag clair,

    Et que chaque lame,
    En bonds convulsifs,
    Le long des récifs
    Va, vient, luit et clame,

    Et qu'au firmament,
    Où l'ouragan erre,
    Rugit le tonnerre
    ...

  • Que ton âme soit blanche ou noire,
    Que fait ? Ta peau de jeune ivoire
    Est rose et blanche et jaune un peu.
    Elle sent bon, ta chair, perverse
    Ou non, que fait ? puisqu'elle berce
    La mienne de chair, nom de Dieu !

    Elle la berce, ma chair folle,
    Ta folle de chair, ma parole
    La plus sacrée ! - et que donc bien !
    Et la mienne, grâce à la tienne,...

  • Bobèche, adieu ! bonsoir, Paillasse ! arrière, Gille !
    Place, bouffons vieillis, au parfait plaisantin,
    Place ! très grave, très discret et très hautain,
    Voici venir le maître à tous, le clown agile.

    Plus souple qu'Arlequin et plus brave qu'Achille,
    C'est bien lui, dans sa blanche armure de satin ;
    Vides et clairs ainsi que des miroirs sans tain,
    Ses...

  • Tu n'es pas du tout vertueuse,
    Je ne suis pas du tout jaloux :
    C'est de se la couler heureuse
    Encor le moyen le plus doux.

    Vive l'amour et vivent nous !

    Tu possèdes et tu pratiques
    Les tours les plus intelligents
    Et les trucs les plus authentiques
    À l'usage des braves gens

    Et tu m'as quels soins indulgents !

    D'aucuns...

  • Tu crois au marc de café,
    Aux présages, aux grands jeux :
    Moi je ne crois qu'en tes grands yeux.

    Tu crois aux contes de fées,
    Aux jours néfastes, aux songes.
    Moi je ne crois qu'en tes mensonges.

    Tu crois en un vague Dieu,
    En quelque saint spécial,
    En tel Ave contre tel mal.

    Je ne crois qu'aux heures bleues
    Et roses que tu m'...