• Leurs jambes pour toutes montures,
    Pour tous biens l'or de leurs regards,
    Par le chemin des aventures
    Ils vont haillonneux et hagards.

    Le sage, indigné, les harangue ;
    Le sot plaint ces fous hasardeux ;
    Les enfants leur tirent la langue
    Et les filles se moquent d'eux.

    C'est qu'odieux et ridicules,
    Et maléfiques en effet,
    Ils ont l'...

  • Donc, ce sera par un clair jour d'été ;
    Le grand soleil, complice de ma joie,
    Fera, parmi le satin et la soie,
    Plus belle encor votre chère beauté ;

    Le ciel tout bleu, comme une haute tente,
    Frissonnera somptueux à longs plis
    Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
    L'émotion du bonheur et l'attente ;

    Et quand le soir viendra, l'air sera...

  • À J.-K. Huysmans.

    Il fait nuit dans la chambre étroite et froide où l'homme
    Vient de rentrer, couvert de neige, en blouse, et comme
    Depuis trois jours il n'a pas prononcé deux mots,
    La femme a peur et fait des signes aux marmots.

    Un seul lit, un bahut disloqué, quatre chaises,
    Des rideaux jadis blancs conchiés des punaises,
    Une table qui va s...

  • Je ne suis pas jaloux de ton passé, chérie,
    Et même je t'en aime et t'en admire mieux.
    Il montre ton grand coeur et la gloire inflétrie
    D'un amour tendre et fort autant qu'impétueux.

    Car tu n'eus peur ni de la mort ni de la vie,
    Et, jusqu'à cet automne fier répercuté
    Vers les jours orageux de ta prime beauté,
    Ton beau sanglot, honneur sublime, t'a...

  • Paris n'a de beauté qu'en son histoire,
    Mais cette histoire est belle tellement !
    La Seine est encaissée absurdement,
    Mais son vert clair à lui seul vaut la gloire.

    Paris n'a de gaîté que son bagout,
    Mais ce bagout, encor qu'assez immonde,
    Il fait le tour des langages du monde,
    Salant un peu ce trop fade ragoût.

    Paris n'a de sagesse que...

  • Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
    Faisait voler la grive à travers l'air atone,
    Et le soleil dardait un rayon monotone
    Sur le bois jaunissant où la bise détone.

    Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
    Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
    Soudain, tournant vers moi son regard émouvant
    " Quel fut ton plus beau jour? "...

  • Fauve avec des tons d'écarlate,
    Une aurore de fin d'été
    Tempétueusement éclate
    A l'horizon ensanglanté.

    La nuit rêveuse, bleue et bonne
    Pâlit, scintille et fond dans l'air,
    Et l'ouest dans l'ombre qui frissonne
    Se teinte au bord de rose clair.

    La plaine brille au loin et fume.
    Un oblique rayon venu
    Du soleil surgissant allume
    ...

  • Donne ta main, retiens ton souffle, asseyons-nous
    Sous cet arbre géant où vient mourir la brise
    En soupirs inégaux sous la ramure grise
    Que caresse le clair de lune blême et doux.

    Immobiles, baissons nos yeux vers nos genoux.
    Ne pensons pas, rêvons. Laissons faire à leur guise
    Le bonheur qui s'enfuit et l'amour qui s'épuise,
    Et nos cheveux frôlés par l'...

  • La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette
    De flèches et de tours à jour la silhouette
    D'une ville gothique éteinte au lointain gris.
    La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris
    Secoués par le bec avide des corneilles
    Et dansant dans l'air noir des gigues nonpareilles,
    Tandis, que leurs pieds sont la pâture des loups.
    Quelques buissons d'épine épars...

  • Vers les prés le vent cherche noise
    Aux girouettes, détail fin
    Du château de quelque échevin,
    Rouge de brique et bleu d'ardoise,
    Vers les prés clairs, les prés sans fin...

    Comme les arbres des féeries,
    Des frênes, vagues frondaisons,
    Êchelonnent mille horizons
    A ce Sahara de prairies,
    Trèfle, luzerne et blancs gazons.

    Les wagons...