• parmi les ruines de Rome

    Hic spirat amor.


    J'errais aux campagnes de Rome,
    Et, promenant au loin mes pas silencieux,
    Je lisais le néant de l'homme
    Écrit de toutes parts sur ce sol glorieux.

    Du Capitole au front superbe
    J'aimais à contempler les environs déserts,
    Et je voyais ramper sur l'herbe
    L'orgueil de cent palais que la...

  • Nec sum adeo informis !

    À M. A. d. B.....


    " Pourquoi faut-il qu'à tous les yeux
    " Le destin m'ait cachée au sein touffu de l'herbe,
    " Et qu'il m'ait refusé, de ma gloire envieux,
    " La majesté du lis superbe ?

    " Ou que n'ai-je l'éclat vermeil
    " Que donne le printemps à la rose naissante,
    " Quand, dans un frais matin, les rayons du...

  • Tu ne me connais pas, tu ne sais qui je suis,
    Tu ne m'aperçois pas, le soir, quand je te suis,
    Quand se perd ma pensée en tes lueurs de femme,
    Quand je m'en vais, noyant mes sens, noyant mon âme
    Dans les candeurs et les fraîcheurs de ta beauté.
    Tes regards clairs, pareils à des matins d'été,
    Si chastement encor s'arrêtent sur les choses :
    Tu n'as jamais su...

  • Le soleil est ma chair, le soleil est mon coeur,
    Le coeur du ciel, mon coeur saignant qui vous fait vivre,
    Le soleil, vase d'or, où fume la liqueur
    De mon sang, est la coupe où la terre s'enivre.

    Les astres sont mes yeux, mes yeux toujours ouverts,
    Toujours dardant sur vous leurs brûlantes prunelles,
    Et mes grands yeux aimants versent sur l'univers,
    Sur...

  • Ma pensée est sereine et rêve parfumée,
    Comme la chambre heureuse où dort ma bien-aimée :

    Large fleur au coeur blanc qui parfume la nuit,
    La lune sur l'étang du ciel s'épanouit.

    Ma pensée est sereine et rêve caressée
    D'une odeur de santal que ta chair m'a laissée.

  • Au cygne frissonnant qui la vient embraser
    Elle offre son beau corps robuste sans comprendre :
    Des Immortels naîtront de ce muet baiser,
    Et la forme d'Hélène en ce flanc va descendre.

    Et par l'étrange éclat des soirs mystérieux
    C'est ainsi que toujours la stupide Matière,
    Et la femme ignorante ont procréé les Dieux,
    Sans deviner d'où leur venait tant de...

  • Le vent criait, le vent roulait ses hurlements,
    L'Océan bondissait le long de la falaise,
    Et mon âme, devant ces épouvantements,
    Et ces larges flots noirs, respirait plus à l'aise.

    La lune semblait folle, et courait dans les cieux,
    Illuminant la nuit dune clarté brumeuse ;
    Et ce n'était au loin qu'aboiements furieux,
    Rugissements, clameurs de la mer...

  • Je suis l'Ancien, je suis le Mâle et la Femelle,
    L'Océan d'où tout sort, où tout rentre et se mêle ;
    Je suis le Dieu sans nom, aux visages divers ;
    Je suis l'Illusion qui trouble l'univers.
    Mon âme illimitée est le palais des êtres ;
    Je suis l'antique Aïeul qui n'a pas eu d'ancêtres.
    Dans mon rêve éternel flottent sans fin les cieux ;
    Je vois naître en mon...

  • La nuit splendide et bleue est un paon étoilé
    Aux milliers d'yeux brillants comme des étincelles,
    Qui fait la roue et marche, ou vole et bat des ailes
    Devant ton trône, Allah, à nos regards voilé.

  • Ô nuit, ô belle nuit, pâle comme sa chair :
    Je rêve au passé mort, je rêve au passé clair...

    Je revois ta chair pâle, et rêve aux heures mortes,
    Où notre joie, où notre extase étaient si fortes !

    Le rossignol des nuits d'alors ne chante plus :
    Je songe à tes grands yeux qui m'étaient apparus.

    Et je songe à ta voix angéliquement tendre,
    Que...