• L'orage de tes jours a passé sur ma vie ;
    J'ai plié sous ton sort, j'ai pleuré de tes pleurs ;
    Où ton âme a monté mon âme l'a suivie ;
    Pour aider tes chagrins, j'en ai fait mes douleurs.

    Mais, que peut l'amitié ? l'amour prend toute une âme !
    Je n'ai rien obtenu ; rien changé ; rien guéri :
    L'onde ne verdit plus ce qu'a séché la flamme,
    Et le coeur...

  • Quand ma lampe est éteinte, et que pas une étoile
    Ne scintille en hiver aux vitres des maisons,
    Quand plus rien ne s'allume aux sombres horizons,
    Et que la lune marche à travers un long voile,
    Ô vierge ! ô ma lumière ! En regardant les cieux,
    Mon coeur qui croit en vous voit rayonner vos yeux.

    Non ! Tout n'est pas malheur sur la terre flottante :
    Agité...

  • Tu n'auras pas semé ta couronne étoilée
    Sur le miroir tari du ruisseau de tes jours.
    Toute pleine de jours, toi, tu t'en es allée
    Et ton frais souvenir en scintille toujours.

  • Juin parfumait la nuit, et la nuit transparente
    N'était qu'un voile frais étendu sur les fleurs :
    L'insecte lumineux, comme une flamme errante,
    Jetait avec orgueil ses mobiles lueurs.

    "J'éclaire tout, dit-il, et jamais la Nature
    N'a versé tant d'éclat sur une créature !
    Tous ces vers roturiers qui rampent au grand jour,
    Celui qui dans la soie enveloppe...

  • C'est là que j'ai vu Rose Dassonville,
    Ce mouvant miroir d'une rose au vent.
    Quand ses doux printemps erraient par la ville,
    Ils embaumaient l'air libre et triomphant.

    Et chacun disait en perçant la foule :
    " Quoi ! belle à ce point ?... Je veux voir aussi... "
    Et l'enfant passait comme l'eau qui coule
    Sans se demander : " Qui voit-on ici ? "...

  • Allez en paix, mon cher tourment,
    Vous m'avez assez alarmée,
    Assez émue, assez charmée...
    Allez au loin, mon cher tourment,
    Hélas ! mon invisible aimant !

    Votre nom seul suffira bien
    Pour me retenir asservie ;
    Il est alentour de ma vie
    Roulé comme un ardent lien :
    Ce nom vous remplacera bien.

    Ah ! je crois que sans le savoir
    J'...

  • Fleur naine et bleue, et triste, où se cache un emblème,
    Où l'absence a souvent respiré le mot : J'aime !
    Où l'aile d'une fée a laissé ses couleurs,
    Toi, qu'on devrait nommer le colibri des fleurs,
    Traduis-moi : porte au loin ce que je n'ose écrire ;
    Console un malheureux comme eût fait mon sourire :
    Enlevée au ruisseau qui délasse mes pas,
    Dis à mon cher...

  • Pauvre exilé de l'air ! Sans ailes, sans lumière,
    Oh ! Comme on t'a fait malheureux !
    Quelle ombre impénétrable inonde ta paupière !
    Quel deuil est étendu sur tes chants douloureux !
    Innocent Bélisaire ! Une empreinte brûlante
    Du jour sur ta prunelle a séché les couleurs,
    Et ta mémoire y roule incessamment des pleurs,
    Et tu ne sais pourquoi Dieu fit la nuit...

  • Elle avait fui de mon âme offensée ;
    Bien loin de moi je crus l'avoir chassée :
    Toute tremblante, un jour, elle arriva,
    Sa douce image, et dans mon coeur rentra :
    Point n'eus le temps de me mettre en colère ;
    Point ne savais ce qu'elle voulait faire ;
    Un peu trop tard mon coeur le devina.

    Sans prévenir, elle dit : "Me voilà ?
    "Ce coeur m'attend....

  • Regarde-le, mais pas longtemps :
    Un regard suffira, sois sûre,
    Pour lui pardonner la blessure
    Qui fit languir mes doux printemps.
    Regarde-le, mais pas longtemps !

    S'il parle, écoute un peu sa voix :
    Je ne veux pas trop t'y contraindre ;
    Je sais combien elle est à craindre,
    Ne l'entendît-on qu'une fois :
    S'il parle, écoute un peu sa voix !...