• En forêt

    à M. W. Parker.

    Au creux des humides savanes,
    Ceint des herbes et des lianes
    Qui foisonnent dans les roseaux,
    Calme, à l'abri de la rafale,
    Le lac en plein soleil étale
    Le miroir de ses claires eaux.

    Baignant dans les détours pleins d'ombre
    Leur manteau de velours vert sombre,
    Des bois au faîte ensoleillé,...

  • Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
    La mer calme, la mer au murmure endormeur,
    Au large, tout là-bas, lente s'est retirée,
    Et son sanglot d'amour dans l'air du soir se meurt.

    La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
    Au profond de son lit de nacre inviolé
    Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
    Sous le seul regard pur...

  • Je l'ai tout à fait désapprise
    La berceuse au rythme flottant,
    Qu'effeuille, par les soirs de brise,
    La branche d'alisier chantant.

    Du rameau qu'un souffle balance,
    La miraculeuse chanson,
    Au souvenir de mon enfance,
    A communiqué son frisson.

    La musique de l'air, sans rime,
    Glisse en mon rêve, et, bien souvent,
    Je cherche à...

  • Un soir de flamme et d'or hante la basilique,
    Ravivant les émaux ternis et les couleurs
    Ancestrales de l'édifice catholique.

    Et soudain - cuivre, azur, pourpre chère aux douleurs -
    Le vitrail que nul art terrestre ne profane
    Jette sur le parvis d'incandescentes fleurs.

    Car l'ensoleillement du coucher diaphane,
    Dans l'ogive où s'exalte un...

  • Les nostalgiques citronniers aux feuilles blêmes
    S'étiolent et leurs parfums, avec ennui,
    Meurent dans le jardin peuplé de chrysanthèmes.
    Pour la dernière fois le soleil tiède a lui.

    Soir des morts ! Glas chargé de pleurs et d'anathèmes :
    Le Souvenir s'éveille et reprend, aujourd'hui,
    En sourdine, les vieux, les adorables thèmes
    Des renouveaux lointains...

  • Fleurs sur fleurs ! fleurs d'été, fleurs de printemps, fleurs blêmes
    De novembre épanchant la rancoeur des adieux
    Et, dans les joncs tressés, les fauves chrysanthèmes ;

    Les lotus réservés pour la table des dieux ;
    Les lis hautains, parmi les touffes d'amarante,
    Dressant avec orgueil leurs thyrses radieux ;

    Les roses de Noël aux pâleurs...

  • On en voit de petits, de grands,
    De semblables, de différents,
    Au fond des bocaux transparents.

    Les uns ont des figures douces ;
    Venus au monde sans secousses,
    Sur leur ventre ils joignent les pouces.

    D'autres lèvent les yeux en l'air
    Avec un regard assez fier
    Pour des gens qui n'y voient pas clair !

    D'autres enfin, fendus en...

  • Repose en paix, ma Virginie !
    Le repos n'est pas fait pour moi.
    Hélas ! le monde entier, sans toi,
    N'a rien qui m'attache à la vie.

    Le plaisir ainsi que la peine,
    Tout passe avec rapidité ;
    Notre vie est une ombre vaine
    Qui se perd dans l'éternité.
    À nos deux coeurs l'amour barbare
    Offrait un riant avenir ;
    Et la mort, la mort nous...

  • Un pâle clair de lune allonge sur la grève
    L'ombre de hauts clochers et de grands toits, où rêve
    Tout un choeur de géants et d'archanges ailés.

    Pourtant la ville est loin, à plus de deux cents lieues ;
    La dune est solitaire et les toits dentelés,
    Les clochers, les pignons et les murs crénelés,
    Sur le sable et les flots montent en ombres bleues.
    ...

  • Portant dans ses bras nus ses deux enfants jumeaux,
    Le Sommeil et la Mort, la Nuit pensive et douce
    D'un vol auguste et calme, égal et sans secousse,
    Glisse au-dessus des monts, des mers et des hameaux.

    Sous ses longs voiles noirs étincelants d'émaux
    Elle allaite ses fils, et de sa toison rousse,
    Astre au cieux, d'un torrent d'étoiles éclabousse
    L'...