• Écoutez : c'est le bruit de la joyeuse airée
    Qui, dans le poudroîment d'une lumière d'or,
    Aussi vive au travail que preste à la bourrée,
    Bat en chantant les blés du riche messidor.

    Quel gala ! pour décor, le chaume qui s'effrange ;
    Les ormes, les tilleuls, le jardin, le fruitier
    Dont la verdure éparse enguirlande la grange,
    Flotte sur les ruisseaux...

  • Je te reviens, ô paroisse natale.
    Patrie intime où mon coeur est resté ;
    Avant d'entrer dans la nuit glaciale,
    Je viens frapper à ton seuil enchanté.

    Pays d'amour, en vain j'ai fait la route
    Pour saluer encore ton ciel bleu,
    Mon oeil se mouille et ma chair tremble toute,
    Je viens te dire un éternel adieu.

    Oh ! couchez-moi dans la tombe...

  • Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
    Comme par un prodige inouï du soleil,
    Avec plus de langueur et plus de charme encore,
    Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

    Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
    Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
    Mais voici que, soudain, les touffes printanières
    Embaument...

  • Dans ta mémoire immortelle,
    Comme dans le reposoir
    D'une divine chapelle,
    Pour celui qui t'est fidèle,
    Garde l'amour et l'espoir.

    Garde l'amour qui m'enivre,
    L'amour qui nous fait rêver ;
    Garde l'espoir qui fait vivre ;
    Garde la foi qui délivre,
    La foi qui nous doit sauver.

    L'espoir, c'est de la lumière,
    L'amour, c'est...

  • Depuis l'âge orageux des aurores premières
    Où tout un ciel pleuvait sur un monde naissant,
    Suivi d'un infini cortège de rivières,
    Au large, à plein chenal, en triomphe, il descend.

    Superbe, délivré des ténèbres sauvages
    Et des enchantements des noirs Esprits du mal,
    Il proclame aux nouveaux soleils de ses rivages,
    Son noble nom de saint, son beau...

  • Comme au printemps de l'autre année,
    Au mois des fleurs, après les froids,
    Par quelque belle matinée,
    Nous irons encore sous bois.

    Nous y verrons les mêmes choses,
    Le même glorieux réveil,
    Et les mêmes métamorphoses
    De tout ce qui vit au soleil.

    Nous y verrons les grands squelettes
    Des arbres gris, ressusciter,
    Et les yeux...

  • Petite maison basse, au grand chapeau pointu,
    Qui, d'hiver en hiver, semble s'être enfoncée
    Dans la terre sans fleurs, autour d'elle amassée.
    Petite maison grise, au grand chapeau pointu,
    Au lointain bleu, là-bas, dis-le-moi, que vois-tu ?

    Par les yeux clignotants de ta lucarne rousse,
    Pour voir plus clair, plus loin, tu sembles faire effort,
    Et...

  • Octobre glorieux sourit à la nature.
    On dirait que l'été ranime les buissons.
    Un vent frais, que l'odeur des bois fanés sature,
    Sur l'herbe et sur les eaux fait courir ses frissons.

    Le nuage a semé les horizons moroses,
    De ses flocons d'argent. Sur la marge des prés,
    Les derniers fruits d'automne, aux reflets verts et roses,
    Reluisent à travers les...

  • Par un temps de demoiselle,
    Sur la frêle caravelle,
    Mon aïeule maternelle,
    Pour l'autre côté de l'Eau,
    Prit la mer à Saint-Malo.

    Son chapelet dans sa poche,
    Quelques sous dans la sacoche,
    Elle arrivait, par le coche,
    Sans parure et sans bijou,
    D'un petit bourg de l'Anjou.

    Devant l'autel de la Vierge,
    Ayant fait brûler...

  • À peine les faucheurs ont engrangé les gerbes
    Que déjà les chevaux à l'araire attelés
    Sillonnent à travers les chardons et les herbes
    La friche où juin fera rouler la mer des blés.

    Fécondité des champs ! cette glèbe qui fume,
    Ce riche et fauve humus, recèle en ses lambeaux
    La sève qui nourrit et colore et parfume
    Les éternels trésors des futurs...