• Dans vos yeux
    J'ai lu l'aveu de votre âme
    En caractères de flamme
    Et je m'en suis allé joyeux
    Bornant alors mon espace
    Au coin d'horizon qui passe
    Dans vos yeux.

    Dans vos yeux
    J'ai vu s'amasser l'ivresse
    Et d'une longue caresse
    J'ai clos vos grands cils soyeux.
    Mais cette ivresse fut brève
    Et s'envola comme un rêve...

  • A M. Bertrand, pour le remercier de l'accueil tout...
    évangélique qu'il m'a fait dans ses bureaux du Patriote.

    Quand les nouveau-nés, en leurs langes
    Dorment sur les bras des marraines
    Tels, de doux et blonds petits anges
    Tombés des étoiles sereines
    Digue digue dig, digue digue don !
    Chante aux enfançons le grand carillon
    Digue digue dig, digue...

  • Le vieux meunier dort, au fond d'un cercueil
    De chêne et de plomb, sous six pieds de terre,
    Et, dans le val plein d'ombre et de mystère,
    Le moulin repose en signe de deuil.

    La nuit a drapé ses murs de longs voiles
    Crêpes aux plis noirs et silencieux,
    Et sur le velours funèbre des cieux
    Roulent des pleurs d'or tombés des étoiles.

    La voix...

  • La campagne, comme autrefois,
    Avec le bahut, et le coffre,
    Et l'armoire à vitrail, nous offre
    Le ber à quenouilles de bois.

    Dans le coeur d'un merisier rouge,
    L'aïeul a taillé les morceaux ;
    Et la courbe des longs berceaux
    Illustre la naïve gouge.

    Que la mère y couche un garçon,
    Ou qu'une mioche y respire,
    L'orgueil n'y voit...

  • Les noirs corbeaux au noir plumage,
    Que chassa le vent automnal,
    Revenus de leur long voyage,
    Croassent dans le ciel vernal.

    Les taillis, les buissons moroses
    Attendent leurs joyeux oiseaux :
    Mais, au lieu des gais virtuoses,
    Arrivent premiers les corbeaux.

    Pour charmer le bois qui s'ennuie,
    Ces dilettantes sans rival,
    Ce...

  • Terre, dont les âpres rivages
    Et les promontoires géants
    Refoulent les vagues sauvages
    Que soulèvent deux océans ;

    Terre qui, chaque avril, émerges,
    Toute radieuse, à travers
    La cendre de tes forêts vierges
    Et la neige de tes hivers ;

    Terre richement variée
    De verdure et de floraisons,
    Que le Seigneur a mariée
    Au Soleil des...

  • Si je le parle, à coeur de jour,
    Au pays, avec les miens, comme
    Au grand siècle tout gentilhomme
    Le parlait aux abbés de cour,
    C'est... Ains seulement par amour.

    Ce français vieillot qu'on dédaigne,
    Il est natif d'un haut Poitou
    Et d'un lointain Paris itou.
    Ces termes, que le chaume enseigne,
    Ce sont des termes de Montaigne.
    ...

  • Maintenant, plus d'azur clair, plus de tiède haleine,
    Plus de concerts dans l'arbre aux lueurs du matin :
    L'oeil ne découvre plus les pourpres de la plaine
    Ni les flocons moelleux du nuage argentin.

    Les rayons ont pâli, leurs clartés fugitives
    S'éteignent tristement dans les cieux assombris.
    La campagne a voilé ses riches perspectives.
    L'orme...

  • Seule, en un coin de terre où plane la tristesse
    Et le mélancolique et vague ennui des soirs,
    La vieille maison blanche, aux grands contrevents noirs,
    Pleure-t-elle ses gens, son hôte, son hôtesse ?

    Avec sa porte close et ses carreaux en deuil
    Qui ne semblent, au loin, qu'un vaporeux décalque,
    La maison blanche et noire a l'air d'un catafalque
    ...

  • L'érable au torse dur et fort,
    Ébrèche le fer qui l'assaille,
    Et, malgré mainte et mainte entaille,
    Résiste aux plus grands coups du Nord.

    L'hiver, dont le cours s'éternise,
    De givre et de neige a tissé
    Le linceul de l'arbre glacé.
    L'érable est mort ! hurle la bise.

    L'érable est mort ! clame au soleil
    Le chêne orgueilleux qui s'...