• LES LACS

    Les lacs, dans leurs paumes rondes noient le visage du Ciel :

    J'ai tourné la sphère pour observer le Ciel.

    Les lacs, frappés d'échos fraternels en nombre douze :

    J'ai fondu les douze cloches qui fixent les tons musicaux.

    *

    Lac mouvant, firmament liquide à l'envers, cloche musicale,

    Que l'homme recevant mes...

  • Mon amante a les vertus de l'eau : un sourire clair, des gestes
    coulants, une voix pure et chantant goutte à goutte.

    Et quand parfois, malgré moi - du feu passe dans mon regard,
    elle sait comment on l'attise en frémissant : eau jetée sur les
    charbons rouges.

    *

    Mon eau vive, la voici répandue, toute, sur la terre ! Elle glisse,
    elle me fuit...

  • L'Empereur, - père de toutes les croyances, et estimant en
    chacune d'entre elles la Raison qui est une, - veut que ceci,
    prêt à s'effacer par négligence, soit reporté sur une table
    neuve et marqué du sceau de son règne :

    L'Etre admirable, n'est-ce pas l'Unité-Trine, le Seigneur sans
    origine, Oloho ? Il a divisé en croix les Parties du monde ;
    décomposé l'...

  • Tu as écrit : " Me voici, fidèle à l'écho de ta voix, taciturne,
    inexprimé. " Je sais ton âme tendue juste au gré des soies
    chantantes de mon luth :

    C'est pour toi seul que je joue.

    Ecoute en abandon et le son et l'ombre du son dans la conque
    de la mer où tout plonge. Ne dis pas qu'il se pourrait qu'un
    jour tu entendisses moins délicatement !
    ...

  • Ville au bout de la route et route prolongeant la ville : ne
    choisis donc pas l'une ou l'autre, mais l'une et l'autre bien
    alternées.

    Montagne encerclant ton regard le rabat et le contient que la
    plaine ronde libère. Aime à sauter roches et marches ; mais
    caresse les dalles où le pied pose bien à plat.

    Repose-toi du son dans le silence, et, du...

  • Ce n'est point dans ta peau de pierre, insensible, que ceci
    aimerait à pénétrer ; ce n'est point vers l'aube fade, informe
    et crépusculaire, que ceci, laissé libre, voudrait s'orienter ;

    Ce n'est pas pour un lecteur littéraire, même en faveur d'un
    calligraphe, que ceci a tant de plaisir à être dit :

    Mais pour Elle.

    *

    Vienne un jour...

  • Ce que je sais d'aujourd'hui, en hâte je l'impose à ta surface, pierre
    plane, étendue visible et présente ;

    Ce que je sens, - comme aux entrailles l'étreinte de la chute, - je l'étale
    sur ta peau, robe de soie fraîche et mouillée ;

    Sans autre pli, que la moire de tes veines : sans recul, hors l'écart de
    mes yeux pour te bien lire ; sans profondeur,...

  • Il le faut ainsi ô Sans-être, que tu sois.
    Ne détrompe pas. Ne te résous pas en boue.
    Ne disparais point. Ne transparais point. Ne joue
    Ni confonds jamais le seul à toi qui se voue.

    Sans doute et sans fin, évoquant ta certitude,
    Feignant de savoir, je frappe trois fois sur trois.
    Je ris de respect. Criant ma fièvre aux abois
    Je sonne bien fort l'...

  • De quel nom te désigner, de quelle tendresse ? Soeur cadette non
    choisie, sage complice d'ignorances,

    Te dirai-je mon amante ? Non point, tu ne le permettrais pas.
    Ma parente ? Ce lien pouvait exister entre nous. Mon aimée ?
    Toi ni moi ne savions aimer encore.

    *

    Soeur équivoque, et de quel sang inconnu ! - Maintenant, sois
    satisfaite : ni...

  • ... Et sais-tu que toi-même aussi, nocturne reine,
    Tu cesseras un jour de briller dans les cieux ?
    Tu mourras comme doit mourir la race humaine,
    Et l'ombre habitera les airs silencieux.