• Simone, allons au verger
    Avec un panier d'osier.
    Nous dirons à nos pommiers,
    En entrant dans le verger :
    Voici la saison des pommes.
    Allons au verger, Simone,
    Allons au verger.

    Les pommiers sont plein de guêpes,
    Car les pommes sont très mûres :
    Il se fait un grand murmure
    Autour du vieux doux-aux-vêpes.
    Les pommiers sont...

  • I

    Que tes mains soient bénies, car elles sont impures !
    Elles ont des péchés cachés à toutes les jointures ;
    Leur peau blanche s'est trempée dans l'odeur âpre des caresses
    Secrètes, parmi l'ombre blanche où rampent les caresses,
    Et l'opale prisonnière qui se meurt à ton doigt,
    C'est le dernier soupir de Jésus sur la croix.

    II

    Que tes...

  • Heure incertaine, heure charmante et triste : les roses
    Ont un sourire si grave et nous disent des choses
    Si tendres que nos coeurs en sont tout embaumés ;
    Le jour est pâle ainsi qu'une femme oubliée,
    La nuit a la douceur des amours qui commencent,
    L'air est rempli de songes et de métamorphoses ;
    Couchée dans l'herbe pure des divines prairies,
    Lasse et...

  • Séquence

    La très chère aux yeux clairs apparaît sous la lune,
    Sous la lune éphémère et mère des beaux rêves.
    La lumière bleuie par les brumes cendrait
    D'une poussière aérienne
    Son front fleuri d'étoiles, et sa légère chevelure
    Flottait dans l'air derrière ses pas légers :
    La chimère dormait au fond de ses prunelles.
    Sur la chair nue et frêle...

  • Simone, tes mains douces ont des égratignures,
    Ta pleures, et moi je veux rire de l'aventure.

    L'Aubépine défend son coeur et ses épaules,
    Elle a promis sa chair à des baisers plus beaux.

    Elle a mis son grand voile de songe et de prière,
    Car elle communie avec toute la terre ;

    Elle communie avec le soleil du matin :
    Quand la ruche...

  • Ô pourpiers de mon frère, pourpiers d'or, fleur d'Anhour,
    Mon corps en joie frissonne quand tu m'as fait l'amour,
    Puis je m'endors paisible au pied des tournesols.
    Je veux resplendir telle que les flèches de Hor :
    Viens, le kupi embaume les secrets de mon corps,
    Le hesteb teint mes ongles, mes yeux ont le kohol.
    Ô maître de mon coeur, qu'elle est belle, mon heure...

  • Votre beau thé, moins rare que vos yeux,
    Votre thé vert, fleuri, délicieux,
    Qui vaut quasi dix mille francs la livre,
    Moins que la fleur de vos yeux il enivre
    Et fait rêver qu'on s'en va dans les cieux.

    J'ai bu les deux aromes précieux ;
    Et jusqu'au jour dans mon lit soucieux
    Il m'a sonné des fanfares de cuivre,
    Votre beau thé.

    Je...

  • Elle mit son plus beau chapeau, son chapeau bleu,
    Et la robe que nul encor n'a dégrafée.
    Puis elle releva la boucle ébouriffée
    Que sa voilette avait fait redescendre un peu.

    Elle se dit : - C'est mal, très-mal! Et comme il pleut !
    Je serai faite, vrai, comme une vieille fée ! -
    Puis, avant de sortir, pour prendre une bouffée
    D'air chaud, elle...

  • On ne sait pourquoi cet homme prit naissance.
    Et pourquoi mourut-il ? On ne l'a pas connu.
    Il vint nu dans ce monde, et, pour comble de chance,
    Partit comme il était venu.

    La gaîté, le chagrin, l'espérance, la crainte,
    Ensemble ou tour à tour ont fait battre son coeur.
    Ses lèvres n'ignoraient le rire ni la plainte.
    Son oeil fut sincère et moqueur....

  • Merle, merle, joyeux merle,
    Ton bec jaune est une fleur,
    Ton oeil noir est une perle,
    Merle, merle, oiseau siffleur.

    Hier tu vins dans ce chêne,
    Parce qu'hier il a plu.
    Reste, reste dans la plaine.
    Pluie ou vent vaut mieux que glu.

    Hier vint dans le bocage
    Le petit vaurien d'Éloi
    Qui voudrait te mettre en cage.
    Prends...