• Déjà mille boutons rougissants et gonflés,
    Et mille fleurs d'ivoire,
    Forment de longs rubans et des noeuds étoilés
    Sur votre écorce noire,

    Jeune branche ! et pourtant sous son linceul neigeux,
    Dans la brume incolore,
    Entre l'azur du ciel et nos sillons fangeux
    Février flotte encore.

    Une heure de soleil, le bleu de l'horizon,
    La tiède...

  • Voix des torrents, des mers, dominant toute voix,
    Pins au large murmure.
    Vous ne dites pas tout, grandes eaux et grands bois,
    Ce que sent la nature.

    Vous n'exhalez pas seuls, ô vastes instruments,
    Ses accords gais ou mornes ;
    Vous ne faites pas seuls, en vos gémissements,
    Parler l'être sans bornes.

    Vous ne dites pas seuls les mots...

  • Pourquoi, vous qui rêvez d'unions éternelles,
    Maudissez-vous la mort ?
    Est-ce bien moi qui romps des âmes fraternelles
    L'indissoluble accord ?

    N'est-ce donc pas la vie aux querelles jalouses,
    Aux caprices moqueurs,
    Qui vient, comme la feuille à travers ces pelouses,
    Éparpiller vos coeurs ?

    C'est sa main qui disjoint vos plus chères...

  • Un soir l'Orgue d'église aux spasmes des Violons
    Montait loin sa douleur sourde en les râles longs :
    Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs !
    Un soir l'Orgue montait dans l'horreur des Violons...

    Horreur ! la Terre pleure, et, grande Trisaïeule,
    Par la vulve et l'ovaire aux ouvraisons de gueule
    Ainsi qu'une en gésine appelle et meugle seule :
    ...

  • En m'en venant au tard de nuit
    se sont éteintes les ételles :
    ah ! que les roses ne sont-elles
    tard au rosier de mon ennui
    et mon Amante, que n'est-elle
    morte en m'aimant dans un minuit.

    Pour m'entendre pleurer tout haut -
    à la plus haute nuit de terre
    le rossignol ne veut se taire :
    et lui, que n'est-il moi plutôt
    et son Amante ne...

  • Tout moderne, et voyant de nos modernes âmes,
    Des soirs vieux, malgré lui, hors du Vrai, sans paphos
    Où des déesses, il s'exile ! et, dans les gammes
    Des azurs et des ors, et le nu des paros,
    Mensonge et dieux il pleure, et Vous, ô pâles Ames !
    Vagueuses Vierges, aux plis longs des longs peplos ! ....

    ...Alors, vieux de mille ans, haut azur sous l'azur...

  • Vie, et ride des eaux, depuis que hors l'amère
    Navrure de ses Yeux son âme ne sourd plus,
    De ses Yeux inlassés la Vieille aux os de pierre
    Morne et roide regarde : et sa voix de prière
    Très aigre, égrène au soir les avés des élus.

    A mesure qu'elle a, - spleen des angles rigides -
    Sur elle plus uni ses deux mains aux longs os,
    Sans pardon, hors du...

  • Tuant, sur un sopha, sonneur des modes las,
    Amant des rimes d'or rarissimes et vierges,
    Dans les rêves le spleen, - du là-haut morne et gras,
    Quand, lourde, ploq, pliq, ploq, ainsi qu'en l'eau, des verges,

    La pluie au long ennui plaque en les longs ruisseaux
    Sa musique univoque, et que le morne arpège,
    Pliq, ploq, pliq, - pliq, ploq, plaq, rumeur d'eau...

  • Ma Triste, les oiseaux de rire
    Même l'été ne voient pas
    Au Mutisme de morts de glas
    Qui vint aux grands rameaux élire

    Tragique d'un passé d'empire
    Un seul néant dans les amas
    Plus ne songeant au vain soulas
    Vers qui la ramille soupire.

    Sous les hauts dômes végétants
    Tous les sanglots sans ors d'étangs
    Veillent privés d'orgueils...

  • Pour les Fagots du Four, antre
    clair-vespéralement qui se voûte d'ors, où
    cuire l'éternel pain rondi, même lors qu'entre
    le rutilant soleil au signe des Gémeaux :
    de matin, attaquèrent de serpes les haies
    épointant aux gantelets leurs épines, où -
    charpentes et timons de demain les Futaies
    tressaillantes de hache,

    sonores de loin
    en loin...