• (pour des Esseintes)

    Hyperbole ! de ma mémoire
    Triomphalement ne sais-tu
    Te lever, aujourd'hui grimoire
    Dans un livre de fer vêtu :

    Car j'installe, par la science,
    L'hymne des coeurs spirituels
    En l'oeuvre de ma patience,
    Atlas, herbiers et rituels.

    Nous promenions notre visage
    (Nous fûmes deux, je le maintiens)
    ...

  • Rien, cette écume, vierge vers
    A ne désigner que la coupe ;
    Telle loin se noie une troupe
    De sirènes mainte à l'envers.

    Nous naviguons, ô mes divers
    Amis, moi déjà sur la poupe
    Vous l'avant fastueux qui coupe
    Le flot de foudres et d'hivers ;

    Une ivresse belle m'engage
    Sans craindre même son tangage
    De porter debout ce salut...

  • Au-dessus du bétail ahuri des humains
    Bondissaient en clartés les sauvages crinières
    Des mendieurs d'azur le pied dans nos chemins.

    Un noir vent sur leur marche éployé pour bannières
    La flagellait de froid tel jusque dans la chair,
    Qu'il y creusait aussi d'irritables ornières.

    Toujours avec l'espoir de rencontrer la mer,
    Ils voyageaient sans pain...

  • Ô rêveuse, pour que je plonge
    Au pur délice sans chemin,
    Sache, par un subtil mensonge,
    Garder mon aile dans ta main.

    Une fraîcheur de crépuscule
    Te vient à chaque battement
    Dont le coup prisonnier recule
    L'horizon délicatement.

    Vertige ! voici que frissonne
    L'espace comme un grand baiser
    Qui, fou de naître pour personne,
    Ne...

  • Le soleil que sa halte
    Surnaturelle exalte
    Aussitôt redescend
    Incandescent

    je sens comme aux vertèbres
    S'éployer des ténèbres
    Toutes dans un frisson
    A l'unisson

    Et ma tête surgie
    Solitaire vigie
    Dans les vois triomphaux
    De cette faux

    Comme rupture franche
    Plutôt refoule ou tranche
    Les anciens...

  • Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
    En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser
    Dans tes cheveux impurs une triste tempête
    Sous l'incurable ennui que verse mon baiser :

    Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
    Planant sous les rideaux inconnus du remords,
    Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
    Toi qui sur le néant en...

  • Une négresse par le démon secouée
    Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux
    Et criminels aussi sous leur robe trouvée,
    Cette goinfre s'apprête à de rusés travaux ;

    À son ventre compare heureuse deux tétines
    Et, si haut que la main ne le saura saisir,
    Elle darde le choc obscur de ses bottines
    Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir.
    ...

  • Dame sans trop d'ardeur à la fois enflammant
    La rose qui cruelle ou déchirée, et lasse
    Même du blanc habit de pourpre, le délace
    Pour ouïr dans sa chair pleurer le diamant

    Oui, sans ces crises de rosée et gentiment
    Ni brise quoique, avec, le ciel orageux passe
    Jalouse d'apporter je ne sais quel espace
    Au simple jour le jour très vrai du sentiment...

  • Une négresse par le démon secouée
    Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux
    Et criminels aussi sous leur robe trouée
    Cette goinfre s'apprête à de rusés travaux :

    À son ventre compare heureuse deux tétines
    Et, si haut que la main ne le saura saisir,
    Elle darde le choc obscur de ses bottines
    Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir...

  • Le silence déjà funèbre d'une moire
    Dispose plus qu'un pli seul sur le mobilier
    Que doit un tassement du principal pilier
    Précipiter avec le manque de mémoire.

    Notre si vieil ébat triomphal du grimoire,
    Hiéroglyphes dont s'exalte le millier
    À propager de l'aile un frisson familier !
    Enfouissez-le-moi plutôt dans une armoire.

    Du...