• De ta tige détachée,
    Pauvre feuille desséchée,
    Où vas-tu ? - Je n'en sais rien.
    L'orage a brisé le chêne
    Qui seul était mon soutien.
    De son inconstante haleine
    Le zéphyr ou l'aquilon
    Depuis ce jour me promène
    De la forêt à la plaine,
    De la montagne au vallon.
    Je vais ou le vent me mène,
    Sans me plaindre ou m'effrayer :
    Je...

  • Torche dans un branle étouffée
    Sans que l'immortelle bouffée
    Ne puisse à l'abandon surseoir !

    La chambre ancienne de l'hoir
    De maint riche mais chu trophée
    Ne serait pas même chauffée
    S'il survenait par le couloir.

    Affres du passé nécessaires
    Agrippant comme avec des serres
    Le sépulcre de désaveu,

    Sous un marbre lourd qu'elle...

  • La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
    Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
    Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
    Sur le vide papier que la blancheur défend
    Et ni la jeune femme...

  • Ô de notre bonheur, toi, le fatal emblème !

    Salut de la démence et libation blême,
    Ne crois pas qu'au magique espoir du corridor
    J'offre ma coupe vide où souffre un monstre d'or !
    Ton apparition ne va pas me suffire :
    Car je t'ai mis, moi-même, en un lieu de porphyre.
    Le rite est pour les mains d'éteindre le flambeau
    Contre le fer épais des portes du...

  • Au seul souci de voyager
    Outre une Inde splendide et trouble
    - Ce salut soit le messager
    Du temps, cap que ta poupe double

    Comme sur quelque vergue bas
    Plongeante avec la caravelle
    Ecumait toujours en ébats
    Un oiseau d'annonce nouvelle
    Qui criait monotonement
    Sans que la barre ne varie
    Un inutile gisement
    Nuit, désespoir et pierrerie...

  • A la nue accablante tu
    Basse de basalte et de laves
    A même les échos esclaves
    Par une trompe sans vertu

    Quel sépulcral naufrage (tu
    Le sais, écume, mais y baves)
    Suprême une entre les épaves
    Abolit le mât dévêtu

    Ou cela que furibond faute
    De quelque perdition haute
    Tout l'abîme vain éployé

    Dans le si blanc cheveu qui...

  • Quand l'ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d'ébène où, pour séduire un roi
    Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
    Vous n'êtes qu'un orgueil menti par les ténèbres
    Aux yeux du solitaire ébloui de sa...

  • Ce me va hormis l'y taire
    Que je sente du foyer
    Un pantalon militaire
    À ma jambe rougeoyer

    L'invasion je la guette
    Avec le vierge courroux
    Tout juste de la baguette
    Au gant blancs des tourlourous

    Nue ou d'écorce tenace
    Pas pour battre le Teuton
    Mais comme une autre menace
    À la fin que me veut-on

    De...

  • Si tu veux nous nous aimerons
    Avec tes lèvres sans le dire
    Cette rose ne l'interromps
    Qu'à verser un silence pire

    Jamais de chants ne lancent prompts
    Le scintillement du sourire
    Si tu veux nous nous aimerons
    Avec tes lèvres sans le dire

    Muet muet entre les ronds
    Sylphe dans la pourpre d'empire
    Un baiser flambant se déchire...

  • Elle est dans l'atrium la blonde Lycoris
    Sous un flot parfumé mollement renversée.
    Comme un saule jauni s'épand sous la rosée,
    Ses cheveux sur son sein pleuvent longs et fleuris.

    Dans les roseaux, vis-tu, sur un fleuve bleuâtre,
    Le soir, glisser le front de la pâle Phoebé ?
    - Elle dort dans son bain et sa gorge d'albâtre,
    Comme la lune, argente un...