• Le Babylonien ses hauts murs vantera
    Et ses vergers en l'air, de son Ephésienne
    La Grèce décrira la fabrique ancienne,
    Et le peuple du Nil ses pointes chantera :

    La même Grèce encor vanteuse publiera
    De son grand Jupiter l'image Olympienne,
    Le Mausole sera la gloire Carienne,
    Et son vieux Labyrinth' la Créte n'oubliera :

    L'antique Rhodien...

  • N'étant de mes ennuis la fortune assouvie,
    Afin que je devinsse à moi-même odieux,
    M'ôta de mes amis celui que j'aimais mieux,
    Et sans qui je n'avais de vivre nulle envie.

    Donc l'éternelle nuit a ta clarté ravie,
    Et je ne t'ai suivi parmi ces obscurs lieux !
    Toi, qui m'as plus aimé que ta vie et tes yeux,
    Toi, que j'ai plus aimé que mes yeux et ma vie....

  • Ô marâtre nature (et marâtre es-tu bien,
    De ne m'avoir plus sage ou plus heureux fait naître),
    Pourquoi ne m'as-tu fait de moi-même le maître,
    Pour suivre ma raison et vivre du tout mien ?

    Je vois les deux chemins, et ce mal, et de bien :
    Je sais que la vertu m'appelle à la main dextre,
    Et toutefois il faut que je tourne à semestre,
    Pour suivre un...

  • Une louve je vis sous l'antre d'un rocher
    Allaitant deux bessons : je vis à sa mamelle
    Mignardement jouer cette couple jumelle,
    Et d'un col allongé la louve les lécher.

    Je la vis hors de là sa pâture chercher,
    Et courant par les champs, d'une fureur nouvelle
    Ensanglanter la dent et la patte cruelle
    Sur les menus troupeaux pour sa soif étancher.
    ...

  • Je vis l'oiseau qui le soleil contemple
    D'un faible vol au ciel s'aventurer,
    Et peu à peu ses ailes assurer,
    Suivant encor le maternel exemple.

    Je le vis croître, et d'un voler plus ample
    Des plus hauts monts la hauteur mesurer,
    Percer la nue, et ses ailes tirer
    Jusqu'au lieu où des dieux est le temple.

    Là se perdit : puis soudain je l'ai vu...

  • Un plus savant que moi, Paschal, ira songer
    Avecques l'Ascréan dessus la double cime :
    Et pour être de ceux dont on fait plus d'estime,
    Dedans l'onde au cheval tout nu s'ira plonger.

    Quant à moi, je ne veux, pour un vers allonger,
    M'accourcir le cerveau : ni pour polir ma rime,
    Me consumer l'esprit d'une soigneuse lime,
    Frapper dessus ma table ou mes...

  • Plus qu'aux bords Aetëans le brave fils d'Eson,
    Qui par enchantement conquit la riche laine,
    Des dents d'un vieux serpent ensemençant la plaine
    N'engendra de soldats au champ de la toison,

    Cette ville, qui fut en sa jeune saison
    Un hydre de guerriers, se vit bravement pleine
    De braves nourrissons, dont la gloire hautaine
    A rempli du Soleil l'une et l'...

  • De voir mignon du roi un courtisan honnête,
    Voir un pauvre cadet l'ordre au col soutenir,
    Un petit compagnon aux états parvenir,
    Ce n'est chose, Morel, digne d'en faire fête.

    Mais voir un estafier, un enfant, une bête,
    Un forfant, un poltron cardinal devenir,
    Et pour avoir bien su un singe entretenir
    Un Ganymède avoir le rouge sur la tête :
    ...

  • Tu m'as fait un chapeau de roses
    Qui semblent tes deux lèvres closes,
    Et de lis fraîchement cueillis
    Qui semblent tes beaux doigts polis,
    Les liant d'un fil d'or ensemble,
    Qui à tes blonds cheveux ressemble.
    Mais si, jeune, tu entendais
    L'ouvrage qu'ont tissu tes doigts,
    Tu ferais, peut être, plus sage
    A prévoir, ton futur dommage.
    Ces...

  • Comme on passe en été le torrent sans danger,
    Qui soulait en hiver être roi de la plaine,
    Et ravir par les champs d'une fuite hautaine
    L'espoir du laboureur et l'espoir du berger :

    Comme on voit les couards animaux outrager
    Le courageux lion gisant dessus l'arène,
    Ensanglanter leurs dents, et d'une audace vaine
    Provoquer l'ennemi qui ne se peut venger...