de l'Histoire des Indes
Si la merveille unie à verité
Est des espritz delectable posture,
Bien debvra plaire au monde la lecture
De ceste histoire et sa varieté.
Autre ocean, d'aultres bords limité
Et aultre ciel s'y veoit, d'aultre nature ;
Aultre bestail, aultres fruictz et verdure,
Et d'aultre gent le terrain habité.
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Cy gist le corps de la plus heureuse ame
Qui oncques fut ou soit pour sa beauté,
Ou pour ses meurs, ou pour sa loyaulté,
Ou pour avoir esté d'un amy femme.
Amy qui a or le bruyt et la fame
D'un vif exemple et seur de fermetté,
Qui ce corps mort, ce corps tant regretté,
Plus mort luy mesme a mys soubz ceste lame.
Pas n'eust voulu seul... -
Cheveux d'argent refrangé et retort,
Espars au tour d'un visaige doré ;
Frond refroncy qui m'as decolloré
Me conviant d'aymer mesme la mort
Te voyant butte et d'amour et de mort ;
Oeil de pur nacre, oeil qui fuis à grand tort
Tout oeil cherchant quelque object honoré ;
Nez de pourfire et brunze elabouré,
Sur qui l'envye ne feit onc nul... -
Traducteur du present livre d'Amadis de Gaule
Au grand desir, à l'instante requeste
De tant d'amys dont tu peux disposer,
Vouldrois tu bien (ô amy) t'opposer
Par un reffus de chose tres honeste ?
Chacun te prie et je t'en admoneste,
Que l'Amadis qu'il t'a pleu exposer
Vueilles permettre au monde et exposer,
Car par tes faitz... -
Voyant ces monts de veue ainsi lointaine
Je les compare à mon long desplaisir.
Haut est leur chef, et hault est mon desir,
Leur pied est ferme et ma foy est certaine.
D'eux mainct ruisseau coule et mainte fontaine,
De mes deux yeulx sortent pleurs à loisir ;
De forts souspirs ne me puis dessaisir,
Et de grands vents leur cime est toute plaine.... -
D'un seul malheur se peult lamenter celle
En qui tout l'heur des astres est compris
C'est (ô Clement) que tu ne fuz espris
Premier que moy de sa vive estincelle.
Son nom cogneu par ta veine immortelle,
Qui les vieux passe, et les nouveaux espritz,
Apres mil ans seroit en plus grand pris
Et la rendroit le temps tousjours plus belle.
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Sequestré pour jamais et du monde et de moy
Et plus qu'onc esclairci de la douce lumiere
Dont l'Esprit donne-esprit par faveur singuliere
Me descouvre, bening, les secrets de la foy,
Que de divinitez en l'ame je conçoy,
Voire tant s'elargit sa grandeur familiere
Que le Ciel il m'octroye en jouissance entiere,
Et fait que mon Dieu mesme en esprit... -
Si tu es Tout en tout, des Essences l'essence,
L'estre seul absolu par qui tous estres sont,
Si tout ce qui se meut au clos de ce grand rond
Se meut souz le ressort de ta sainte ordonnance,
Plus, si tu as empreint ton seel de providence
D'un soing particulier au milieu de mon front,
Comme en ton vif image, et si mes esprits sont
Moins en soy, qu'... -
Des astres tournoyans la danse coustumiere
Cessera d'embrasser du monde la rondeur,
Phebus ira la nuict, et sa nuitale Soeur
De son char brillonnant guidera la carriere.
La flame sans chaleur, l'air privé de lumiere,
Sans fermeté la terre, et l'onde sans froideur,
De leur estre perdront l'efficace vigueur,
Et tout ira confus en la masse premiere.... -
Ainsi que tous les corps que la nature anime,
Et forme inanimez en ce clos rondissant
Ont leur cause, leur centre, et vont resortissant
Au centre, qu'elle enferme au creux de son abysme,
Ainsi que tous les poincts qu'en sa masse sublime
Contient la pyramide és nues se haussant,
Se ramenent ensamble, et se vont unissant
Au joint indivisible eslevé...