• Le soleil de la nuit éclaire la montagne ;
    Sur le sable désert faut-il encore rester ?
    Doucement dans mes bras laisse-moi t’emporter ;
    Bon maître, éveille-toi ! marchons vers la campagne.
            Tes yeux sont clos depuis trois jours :
            Maître ! dormiras-tu toujours ?

    L’orage dans son vol a brisé les platanes ;
    Le navire sans voile a disparu...

  • Un ami me parlait et me regardait vivre :
    Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre
    De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ;
    Et cet ami riait, car il était moqueur.
    Il n'avait pas d'aimer la funeste science.
    Son seul orage à lui, c'était l'impatience.
    Léger comme l'oiseau qui siffle avant d'aimer,
    Disant : " Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s...

  • Puisque c'est toi qui veux nouer encore
    Notre lien,
    Puisque c'est toi dont le regret m'implore,
    Ecoute bien :

    Les longs serments, rêves trempés de charmes,
    Ecrits et lus,
    Comme Dieu veut qu'ils soient payés de larmes,
    N'en écris plus !

    Puisque la plaine après l'ombre ou l'orage
    Rit au soleil,
    Séchons nos yeux et reprenons courage,...

  • Quand le fil de ma vie (hélas, il tient à peine ! )
    Tombera du fuseau qui le retient encor ;
    Quand ton nom, mêlé dans mon sort,
    Ne se nourrira plus de ma mourante haleine ;
    Quand une main fidèle aura senti ma main
    Se refroidir sans lui répondre ;
    Quand mon dernier espoir, qu'un souffle va confondre,
    Ne trouvera plus ton chemin ;
    Prends mon deuil : un...

  • Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs,
    Ces lettres qui font mon supplice,
    Ce portrait qui fut ton complice ;
    Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs.

    Je te rends ce trésor funeste,
    Ce froid témoin de mon affreux ennui.
    Ton souvenir brûlant, que je déteste,
    Sera bientôt froid comme lui.

    Oh ! Reprends tout. Si ma main...

  • Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre ;
    Sois là, mais sans parler, tâche de me l'apprendre :
    Ta voix a des accents qui me font tressaillir !
    Ne montre pas l'amour que je ne puis te rendre,
    D'autres yeux que les tiens me regardent rougir.

    Se chercher, s'entrevoir, n'est-ce pas tout se dire ?
    Ne me demande plus, par un triste sourire,
    Le...

  • Pardonnez-moi, Seigneur, mon visage attristé,
    Vous qui l'aviez formé de sourire et de charmes ;
    Mais sous le front joyeux vous aviez mis les larmes,
    Et de vos dons, Seigneur, ce don seul m'est resté.

    C'est le mois envié, c'est le meilleur peut-être :
    Je n'ai plus à mourir à mes liens de fleurs ;
    Ils vous sont tous rendus, cher auteur de mon être,
    Et je...

  • Attends, nous allons dire adieu :
    Ce mot seul désarmera Dieu.

    Les voilà ces feuilles brûlantes
    Qu'échangèrent nos mains tremblantes,

    Où l'amour répandit par flots
    Ses cris, ses flammes, ses sanglots.

    Délivrons ces âmes confuses,
    Rendons l'air aux pauvres recluses.

    Attends, nous allons dire adieu :
    Ce mot seul désarmera Dieu....

  • Hélas ! Je devrais le haïr !
    Il m'a rendu le mal de l'âme,
    Ce mal plein de pleurs et de flamme,
    Si triste, si lent à guérir !
    Hélas ! Je devrais le haïr.
    Il m'a rapporté ce tourment
    Qu'avait assoupi son absence :
    Dans le charme de sa présence,
    Dans mon nom, qu'il dit tristement,
    Il m'a rapporté ce tourment.

    Dans le baiser pur du retour...

  • Il est deux Amitiés comme il est deux Amours.
    L'une ressemble à l'imprudence ;
    Faite pour l'âge heureux dont elle a l'ignorance,
    C'est une enfant qui rit toujours.
    Bruyante, naïve, légère,
    Elle éclate en transports joyeux.
    Aux préjugés du monde indocile, étrangère,
    Elle confond les rangs et folâtre avec eux.
    L'instinct du coeur est sa science,
    Et...