• Comme une fleur à plaisir effeuillée
    Pâlit, tombe et s'efface une brillante erreur.
    Ivre de toi, je rêvais le bonheur :
    Je rêvais, tu m'as éveillée.

    Que ce réveil va me coûter de pleurs !
    Dans le sein de l'amour pourrai-je les répandre ?
    Il m'enchaînait à toi par des liens de fleurs ;
    Tu me forces à les lui rendre.

    Un seul mot à nos yeux...

  • Je ne sais plus d'où naissait ma colère ;
    Il a parlé... ses torts sont disparus ;
    Ses yeux priaient, sa bouche voulait plaire :
    Où fuyais-tu, ma timide colère ?
    Je ne sais plus.

    Je ne veux plus regarder ce que j'aime ;
    Dès qu'il sourit tous mes pleurs sont perdus ;
    En vain, par force ou par douceur suprême,
    L'amour et lui veulent encor que j'aime...

  • Veux-tu recommencer la vie ?
    Femme, dont le front va pâlir,
    Veux-tu l'enfance, encor suivie
    D'anges enfants pour l'embellir ?
    Veux-tu les baisers de ta mère
    Echauffant tes jours au berceau ?
    - "Quoi ? mon doux Eden éphémère ?
    Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau !"

    Sous la paternelle puissance
    Veux-tu reprendre un calme essor ?
    Et dans...

  • Je n'ai vu qu'un regard de cette belle morte
    A travers le volet qui touche à votre porte,
    Ma soeur, et sur la vitre où passa ce regard,
    Ce fut l'adieu d'un ange obtenu par hasard.

    Et dans la rue encore on dirait, quand je passe,
    Que l'adieu reparaît à la claire surface.

    Mais il est un miroir empreint plus tristement
    De l'image fuyante et visible...

  • Qui me rendra ces jours où la vie a des ailes
    Et vole, vole ainsi que l'alouette aux cieux,
    Lorsque tant de clarté passe devant ses yeux,
    Qu'elle tombe éblouie au fond des fleurs, de celles
    Qui parfument son nid, son âme, son sommeil,
    Et lustrent son plumage ardé par le soleil !

    Ciel ! un de ces fils d'or pour ourdir ma journée,
    Un débris de ce prisme...

  • L'air était pur, la nuit régnait sans voiles ;
    Elle riait du dépit de l'amour :
    Il aime l'ombre, et le feu des étoiles,
    En scintillant, formait un nouveau jour.

    Tout s'y trompait. L'oiseau, dans le bocage,
    Prenait minuit pour l'heure des concerts ;
    Et les zéphyrs, surpris de ce ramage,
    Plus mollement le portaient dans les airs.

    Tandis qu'aux...

  • Je me meurs, je succombe au destin qui m'accable.
    De ce dernier moment veux-tu charmer l'horreur ?
    Viens encore une fois presser ta main coupable
    Sur mon coeur.

    Quand il aura cessé de brûler et d'attendre,
    Tu ne sentiras pas de remords superflus ;
    Mais tu diras : " Ce coeur, qui pour moi fut si tendre,
    N'aime plus. "

    Vois l'amour qui s'enfuit...

  • Il a parlé. Prévoyante ou légère,
    Sa voix cruelle et qui m'était si chère
    A dit ces mots qui m'atteignaient tout bas :
    "Vous qui savez aimer, ne m'aimez pas !

    "Ne m'aimez pas si vous êtes sensible,
    "Jamais sur moi n'a plané le bonheur.
    "Je suis bizarre et peut-être inflexible ;
    "L'amour veut trop : l'amour veut tout un coeur
    "Je hais ses pleurs, sa...

  • Des roses de Lormont la rose la plus belle,
    Georgina, près des flots nous souriait un soir :
    L'orage, dans la nuit, la toucha de son aile,
    Et l'Aurore passa triste, sans la revoir !

    Pure comme une fleur, de sa fragile vie
    Elle n'a respiré que les plus beaux printemps.
    On la pleure, on lui porte envie :
    Elle aurait vu l'hiver ; c'est vivre trop de...

  • Vous souvient-il de cette jeune amie,
    Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
    À peine, hélas ! Au printemps de sa vie,
    Son coeur sentit qu'il était fait pour vous.

    Point de serment, point de vaine promesse :
    Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
    Son âme pure aimait avec ivresse
    Et se livrait sans honte et sans combats.

    Elle a perdu...