• Nommez votre pays de ce nom : la patrie !
    Après celui de Dieu, c’est le nom du devoir.
    Prononcez-le toujours avec idolâtrie,
    Ce nom qui vous oblige au combat, à l’espoir.

    Si quelqu’un, se disant le citoyen du monde,
    Insulte à votre amour du haut de sa raison,
    Ce mot : l’Humanité, sur sa lèvre inféconde...

  • Les aspects sont divers de cette morne auberge
    Qu’on nomme l’hôpital. Le vice et la vertu
    Y souffrent à la fois. On met mourir la vierge
    Au lit que, pour mourir, une impure avait eu.

    Martyrs et châtiés sont sur la même ligne,
    Et la fatalité heurte le dévoûment.
    On n’a dans le dortoir qu’un numéro pour signe ;
    L’indifférence à tous fait froid également...

  • Plus prompte que la vague aux perfides caresses,
    Plus prompte que l’aurore aux menteuses promesses,
    Plus prompte que la nuit aux brûlantes ivresses,
    Tu vins et t’en allas !

    Comme une terre nue et par l’hiver mouillée,
    Comme une nuit sans rêve et d’astres dépouillée,
    Comme...

  • La petite rivière, bleue
    Si peu que le ciel ait d’azur,
    D’ici fait encore une lieue,
    Puis verse au fleuve son flot pur.

    Plus grande, elle serait moins douce,
    Elle n’aurait pas la lenteur
    Qui dans les herbes mène et pousse
    Son cours délicat et chanteur.

    Elle n’aurait pas de prairies
    Plus vertes si près de la main,
    Non plus que ces...

  • Le pêcheur, vidant ses filets,
    Voit les poissons d’or de la Loire
    Glacés d’argent sur leur nageoire
    Et mieux vêtus que des varlets.

    Teints encor des ardents reflets
    Du soleil et du flot de moire,
    Le pêcheur, vidant ses filets,
    Voit les poissons d’or de la Loire.

    Les beaux captifs, admirez-les !
    Ils brillent sur la terre noire,
    ...

  • La campagne était fraîche et tout ensoleillée ;
    Le souffle du matin passait les blés verts,
    Et je marchais dans l’herbe odorante et mouillée
    En récitant des vers.

    J’étais gai, bien portant, et libre au fond de l’âme ;
    J’avais enfin dompté mon douloureux amour,
    Et nul amer...

  • C’est le gai rendez-vous des bêtes du bon Dieu,
    L’endroit frais et charmant, le coin béni, le lieu
    Cher aux petits oiseaux, aimé des libellules,
    Où dame abeille accourt en quittant ses cellules,
    Où le printemps se joue au pied des verts buissons,
    Où l’écho ne redit jamais que des chansons.
    Là le merle moqueur et la mésange bleue,
    Le bouvreuil, le linot...

  • Tes yeux ont la couleur de la source où tu bois.
    Les baisers que je prends sur tes lèvres pressées,
    Font le doux bruit de l’eau qui glisse dans les bois,
    Sur un lit de verdure et de feuilles froissées.

    Ta voix, vive et légère, est comme l’eau qui fuit.
    Elle chante comme elle, et comme elle soupire.
    Des sanglots de la source elle a gardé le bruit ;
    Le...

  • Ta langue à tout jamais doit-elle être scellée,
    O sphinx ! Et contre toi n’est-il aucun recours ?
    Du point noir d’où je viens au but sombre où je cours
    Je sens ta force occulte à tous mes pas mêlée.

    Sous les traits d’une femme elle s’est révélée,
    L’obsession fatale aux réseaux doux et lourds,
    Cauchemar de mes nuits, délire de mes jours,
    Qui met enfer...

  • Soumets la Terre,
    Les fleurs, les bois,
    Lyre ! à ta voix,
    A ton mystère.

    Que rien n’altère
    Les saintes lois,
    Soumets la Terre,
    Les fleurs, les bois.

    Dompte Cythère !
    Charme à la fois
    Le lys des rois
    Et la panthère ;
    Soumets la Terre !