• Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre ;
    Sois là, mais sans parler, tâche de me l'apprendre :
    Ta voix a des accents qui me font tressaillir !
    Ne montre pas l'amour que je ne puis te rendre,
    D'autres yeux que les tiens me regardent rougir.

    Se chercher, s'entrevoir, n'est-ce pas tout se dire ?
    Ne me demande plus, par un triste sourire,
    Le...

  • Pardonnez-moi, Seigneur, mon visage attristé,
    Vous qui l'aviez formé de sourire et de charmes ;
    Mais sous le front joyeux vous aviez mis les larmes,
    Et de vos dons, Seigneur, ce don seul m'est resté.

    C'est le mois envié, c'est le meilleur peut-être :
    Je n'ai plus à mourir à mes liens de fleurs ;
    Ils vous sont tous rendus, cher auteur de mon être,
    Et je...

  • Attends, nous allons dire adieu :
    Ce mot seul désarmera Dieu.

    Les voilà ces feuilles brûlantes
    Qu'échangèrent nos mains tremblantes,

    Où l'amour répandit par flots
    Ses cris, ses flammes, ses sanglots.

    Délivrons ces âmes confuses,
    Rendons l'air aux pauvres recluses.

    Attends, nous allons dire adieu :
    Ce mot seul désarmera Dieu....

  • Hélas ! Je devrais le haïr !
    Il m'a rendu le mal de l'âme,
    Ce mal plein de pleurs et de flamme,
    Si triste, si lent à guérir !
    Hélas ! Je devrais le haïr.
    Il m'a rapporté ce tourment
    Qu'avait assoupi son absence :
    Dans le charme de sa présence,
    Dans mon nom, qu'il dit tristement,
    Il m'a rapporté ce tourment.

    Dans le baiser pur du retour...

  • Il est deux Amitiés comme il est deux Amours.
    L'une ressemble à l'imprudence ;
    Faite pour l'âge heureux dont elle a l'ignorance,
    C'est une enfant qui rit toujours.
    Bruyante, naïve, légère,
    Elle éclate en transports joyeux.
    Aux préjugés du monde indocile, étrangère,
    Elle confond les rangs et folâtre avec eux.
    L'instinct du coeur est sa science,
    Et...

  • Cache-les dans ton coeur, toi dont le coeur pardonne,
    Ces bouquets imprudents qui fleurissaient en moi ;
    C'est toute une âme en fleur qui s'exhale vers toi ;
    Aux autres, je l'entr'ouvre : à toi, je te la donne.

  • (A Mlle Emilie Bascans)

    Si j'étais assez grande,
    Je voudrais voir
    L'effet de ma guirlande
    Dans le miroir.
    En montant sur la chaise,
    Je l'atteindrais ;
    Mais sans aide et sans aise,
    Je tomberais.

    La dame plus heureuse,
    Sans faire un pas,
    Sans quitter sa causeuse,
    De haut en bas,
    Dans une glace claire,
    Comme au...

  • Non, ce n'est pas l'été, dans le jardin qui brille,
    Où tu t'aimes de vivre, où tu ris, coeur d'enfant !
    Où tu vas demander à quelque jeune fille,
    Son bouquet frais comme elle et que rien ne défend.

    Ce n'est pas aux feux blancs de l'aube qui t'éveille,
    Qui rouvre à ta pensée un lumineux chemin,
    Quand tu crois, aux parfums retrouvés de la veille,
    Saisir...

  • Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore ?
    Je sens l'air embaumé courir autour de toi ;
    Ta bouche est une fleur dont le parfum dévore :
    Approche, ô mon trésor, et ne brûle que moi.
    Éveille, éveille-toi !

    Mais ce souffle d'amour, ce baiser que j'envie,
    Sur tes lèvres encor je n'ose le ravir ;
    Accordé par ton coeur, il doublera ma vie.
    Ton sommeil...

  • "Je vous défends, châtelaine,
    De courir seule au grand bois. "
    M'y voici, tout hors d'haleine,
    Et pour la seconde fois.
    J'aurais manqué de courage
    Dans ce long sentier perdu ;
    Mais que j'en aime l'ombrage !
    Mon seigneur l'a défendu.

    "Je vous défends, belle mie.
    Ce rondeau vif et moqueur. "
    Je n'étais pas endormie
    Que je le savais par...