• Sois-nous propice et consolante encor, lumière,
    Pâle clarté d'hiver qui baignera nos fronts,
    Quand, tous les deux, l'après-midi, nous nous rendrons
    Respirer au jardin une tiédeur dernière.

    Nous t'aimâmes, jadis, avec un tel orgueil,
    Avec un tel amour bondissant de notre âme
    Qu'une suprême et douce et bienveillante flamme
    Nous est due à cette heure...

  • Chaque heure, où je songe à ta bonté
    Si simplement profonde,
    Je me confonds en prières vers toi.

    Je suis venu si tard
    Vers la douceur de ton regard,
    Et de si loin vers tes deux mains tendues,
    Tranquillement, par à travers les étendues!

    J'avais en moi tant de rouille tenace
    Qui me rongeait à dents rapaces,
    La confiance
    J'étais si...

  • Les grand'routes tracent des croix
    A l'infini, à travers bois ;
    Les grand'routes tracent des croix lointaines
    A l'infini, à travers plaines ;
    Les grand'routes tracent des croix
    Dans l'air livide et froid,
    Où voyagent les vents déchevelés
    A l'infini, par les allées.

    Arbres et vents pareils aux pèlerins,
    Arbres tristes et fous où l'orage s...

  • Le déclin du soleil étend, jusqu'aux lointains,
    Son silence et sa paix comme un pâle cilice ;
    Les choses sont d'aspect méticuleux et lisse
    Et se détaillent clair sur des fonds byzantins.

    L'averse a sabré l'air de ses lames de grêle,
    Et voici que le ciel luit comme un parvis bleu,
    Et que c'est l'heure où meurt à l'occident le feu,
    Où l'argent de la...

  • Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie,
    Dis, combien l'absence, même d'un jour,
    Attriste et attise l'amour ,
    Et le réveille, en ses brûlures endormies ?

    Je m'en vais au-devant de ceux
    Qui reviennent des lointains merveilleux
    Où, dès l'aube, tu es allée ;
    Je m'assieds sous un arbre, au détour de l'allée ;
    Et, sur la route, épiant leur venue,
    ...

  • Sous des cieux faits de filasse et de suie,
    D'où choit morne et longue la pluie,
    Voici pourrir
    Au vent tenace et monotone,
    Les ors d'automne ;
    Voici les ors et les pourpres mourir.

    O vous qui frémissiez, doucement volontaires,
    Là-haut, contre le ciel, tout au long du chemin,
    Tristes feuilles comme des mains,
    Vous gisez, noires, sur la...

  • Le soir tombe, la lune est d'or.

    Avant la fin de la journée
    Va-t'en gaîment jusqu'au jardin
    Cueillir avec tes douces mains
    Les quelques fleurs qui n'y sont point encor
    Tristement, vers la terre, inclinées.

    Que le feuillage soit déjà blême, qu'importe
    Je les admire et tu les aimes,
    Et leurs corolles sont quand même
    Belles, sur les...

  • Tous les chemins vont vers la ville.

    Du fond des brumes,
    Avec tous ses étages en voyage
    Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
    Comme d'un rêve, elle s'exhume.

    Là-bas,
    Ce sont des ponts musclés de fer,
    Lancés, par bonds, à travers l'air ;
    Ce sont des blocs et des colonnes
    Que décorent Sphinx et Gorgones ;
    Ce sont des tours...

  • - Toi qui t'en vas là-bas,
    Par toutes les routes de la terre,
    Homme tenace et solitaire,
    Vers où vas-tu, toi qui t'en vas ?

    - J'aime le vent, l'air et l'espace ;
    Et je m'en vais sans savoir où,
    Avec mon coeur fervent et fou,
    Dans l'air qui luit et dans le vent qui passe.

    - Le vent est clair dans le soleil,
    Le vent est frais sur...

  • L'ombre qui sous la lune
    Tombait, longue et pâle, des dunes,
    Longeait la grève et dentelait la mer.

    De loin en loin, apparaissaient des phares
    Qui se mouvaient, jaunes et verts,
    Avec des gestes sur la mer.

    Le vieux chercheur d'épaves rares
    Fouille le sable, avec des yeux d'avare,
    Et va ; - son ombre
    Autour de son pas lent fait de l'...