• Frère Jacques, frère Jacques,
    Réveille-toi de ton sommeil d'hiver
    Les fins taillis sont déjà verts
    Et nous voici au temps de Pâques,
    Frère Jacques.

    Au coin du bois morne et blêmi
    Où ton grand corps s'est endormi
    Depuis l'automne,
    L'aveugle et vacillant brouillard,
    Sur les grand-routes du hasard,
    S'est promené, longtemps, par les...

  • Les fleurs du clair accueil au long de la muraille
    Ne nous attendent plus quand nous rentrons chez nous,
    Et nos étangs soyeux dont l'eau plane s'éraille
    Ne se prolongent plus sous les cieux purs et doux.

    Tous les oiseaux ont fui nos plaines monotones
    Et les pâles brouillards flottent sur les marais.
    O ces deux cris : automne, hiver ! hiver, automne !...

  • (Les hôtes)

    - Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
    je frappe au seuil et à l'auvent,
    ouvrez, les gens, je suis le vent,
    qui s'habille de feuilles mortes.

    - Entrez, monsieur, entrez, le vent,
    voici pour vous la cheminée
    et sa niche badigeonnée ;
    entrez chez nous, monsieur le vent.

    - Ouvrez, les gens, je suis la pluie,
    je...

  • Sur l'arrière de son bateau,
    Le batelier promène
    Sa maison naine
    Par les canaux.

    Elle est joyeuse, et nette, et lisse,
    Et glisse
    Tranquillement sur le chemin des eaux.
    Cloisons rouges et porte verte,
    Et frais et blancs rideaux
    Aux fenêtres ouvertes.

    Et, sur le pont, une cage d'oiseau
    Et deux baquets et un tonneau ;
    Et le...

  • Larges voiles au vent, ainsi que des louanges,
    La proue ardente et fière et les haubans vermeils,
    Le haut navire apparaissait, comme un archange
    Vibrant d'ailes qui marcherait, dans le soleil.

    La neige et l'or étincelaient sur sa carène ;
    Il étonnait le jour naissant, quand il glissait
    Sur le calme de l'eau prismatique et sereine ;
    Les mirages,...

  • Routes de fer vers l'horizon :
    Blocs de cendres, talus de schistes,
    Où sur les bords un agneau triste
    Broute les poils d'un vieux gazon ;
    Départs brusques vers les banlieues,
    Rails qui sonnent, signaux qui bougent,
    Et tout à coup le passage des yeux
    Crus et sanglants d'un convoi rouge ;
    Appels stridents, ouragans noirs,
    Pays de brasiers roux et d'...

  • Si d'autres fleurs décorent la maison
    Et la splendeur du paysage,
    Les étangs purs luisent toujours dans le gazon,
    Avec les grands yeux d'eau de leur mouvant visage.

    Dites de quels lointains profonds et inconnus
    Tant de nouveaux oiseaux sont-ils venus,
    Avec du soleil sur leurs ailes ?

    Juillet a remplacé Avril dans le jardin
    Et les tons bleus...

  • Un bloc de marbre où son nom luit sur une plaque.

    Ventre riche, mâchoire ardente et menton lourd ;
    Haine et terreur murant son gros front lourd
    Et poing taillé pour fendre en deux toutes attaques.

    Le carrefour, solennisé de palais froids,
    D'où ses regards têtus et violents encore
    Scrutent quels feux d'éveil bougent dans telle aurore,
    Comme sa...

  • Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
    Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
    Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
    Est triste et faible et lourde et lasse, infiniment.

    Depuis l'aube, ses bras, comme des bras de plainte,
    Se sont tendus et sont tombés ; et les voici
    Qui retombent encor, là-bas, dans l'air noirci
    Et le silence...

  • Je vous invoque ici, Moines apostoliques,
    Chandeliers d'or, flambeaux de foi, porteurs de feu,
    Astres versant le jour aux siècles catholiques,
    Constructeurs éblouis de la maison de Dieu ;

    Solitaires assis sur les montagnes blanches,
    Marbres de volonté, de force et de courroux,
    Prêcheurs tenant levés vos bras à longues manches
    Sur les remords...