• Sous un climat étrange, où sept fois tous les jours
    La mer change d'assiette, et la vague de cours,
    Il se voit sur les eaux une île vagabonde
    Qui flotte sans arrêt au mouvement de l'onde,
    Comme un navire errant que le phare et le nord
    Auraient abandonné, loin de rade et de port.
    Sur ses bords jour et nuit des troupes de sirènes,
    Flatteuses de la voix...

  • (Lettre I)

    [...] Tous les soirs, le soleil éteint par les ténèbres
    Et comme enseveli sous de grands draps funèbres
    Remit tous les matins, aussi jeune, aussi beau
    Qu'il se fit voir aux yeux du monde encor nouveau ;
    La lune a tous les mois une pareille grâce,
    Sa jeunesse revient, sa vieillesse se passe ;
    Tous les ans le zéphyr ressuscite les fleurs,...

  • (Lettre IV)

    [...] L'Artifice à l'entrée avecque l'Imposture
    Loge dans un château d'étrange architecture.
    Là, de la cime au fondement,
    Tout porte à faux, tout se dément.
    En vain la face en est éclatante et pompeuse,
    Son éclat éblouit, et sa pompe est trompeuse.
    Partout le feint s'y voit, pour le vrai supposé ;
    Pierres, marbres, métaux, tout est...

  • (Lettre IX)

    [...] Dans une île branlante, et de sable mouvant,
    Qui suit le cours des flots, et roule au gré du vent,
    Il se voit un Palais, sans règle et sans mesure,
    Mais d'une extravagante et bizarre structure,
    Dont l'ouvrage subit, sans le secours de l'art,
    S'éleva de morceaux assemblés au hasard.

    On n'y consulta point le niveau ni l'...

  • (Lettre XI)

    [...] Sous l'étage de l'air est l'étage de l'onde,
    Ample et riche ornement de la scène du monde,
    Où du grand artisan la grandeur se fait voir
    Comme dans un mobile et liquide miroir,
    Qui, tantôt en repos, et tantôt en tourmente,
    Sa clémence et son ire aux humains représente.

    Qu'il est plaisant à voir, quand les flots aplanis
    ...

  • Elle coupe la tête à Holopherne


    Holopherne est couché, ce flambeau qui sommeille
    A mêlé sa lumière avec l'obscurité,
    Et Judith fait de l'ombre un voile à sa beauté,
    De peur qu'à son éclat, le barbare s'éveille.

    Le fer que tient en main cette chaste merveille
    Ajoute à son visage une fière clarté,
    Et pour la confirmer en cette extrémité...

  • (Lettre X)

    [...] Tantôt il, aime à voir la pourpre de la rose,
    Sous le jour renaissant, pompeusement éclose,
    Disputer de la force et de l'éclat du teint
    Avecque le rayon du soleil qui la peint.
    Et tantôt son plaisir est de voir la nuance
    Que cent diverses fleurs font de leur alliance
    Sur le vivant émail d'une planche à fond vert,
    Où chacun à...

  • Mon front pâle est sur tes genoux
    Que jonchent des débris de roses ;
    O femme d'automne, aimons-nous
    Avant le glas des temps moroses !

    Oh ! des gestes doux de tes doigts
    Pour calmer l'ennui qui me hante !
    Je rêve à mes aïeux les rois,
    Mais toi, lève les yeux, et chante.

    Berce-moi des dolents refrains
    De ces anciennes cantilènes...

  • A JORIS-KARL HUYSMANS

    La blême lune allume en la mare qui luit
    Miroir des gloires d'or, un émoi d'incendie.
    Tout dort. Seul, à mi-mort, un rossignol de nuit
    Module en mal d'amour sa molle mélodie.

    Plus ne vibrent les vents en le mystère vert
    Des ramures. La lune a tû leurs voix nocturnes :
    Mais à travers le deuil du feuillage entr'ouvert,...

  • Mon âme, en une rose,
    Est morte de douleur :
    C'est l'histoire morose
    Du rêve et de la fleur.

    Je n'irai pas la dire
    Sur les routes du roi ;
    Je crois, Dame et Messire,
    Que vous ririez de moi.

    Voici le vent d'automne
    Sur mon âme et les fleurs ;
    Et pourtant je m'étonne
    De tout ce ciel en pleurs.

    O rose de mon rêve...