Portrait de la divine Essence,
Incomparable bâtiment,
Où l'Eternel, en le formant,
Déploya sa toute-puissance ;
Simple être, par ton existence,
Plante, par ton accroissement,
Animal, par ton sentiment,
Ange, par ton intelligence ;
Temple vivant, monde abrégé,
Où le Créateur a logé
Tant de différentes images ;
Chef-d'...
-
-
Monstre composé de Chimères
Dont la sotte crédulité,
L'artifice et la cruauté
Sont les compagnes ordinaires ;
Tyran, qui sur tes tributaires
Domines dans l'obscurité,
Et, dans un palais enchanté,
Ne les nourris que de vipères ;
Antipode de la raison,
Songe noir, fatale prison,
De nos pères triste héritage ;
Artisan... -
Quoi, sort-il tant de feux, de rayons, de lumières,
D'un si froid, si grossier, et si noir élément ?
Et tant d'astres naissants dans ces sombres carrières
Font-ils donc de la terre un second firmament ?
Minéraux éclatants, terrestres luminaires,
Dont la tête des rois brille superbement,
Je ne vous puis compter que pour des biens vulgaires,
Et pour... -
En tout tens, en tout lieu, sur la Terre et sur l'Eau,
Ressouvien toy, Mortel, que tu dois te résoudre
A voir, au premier Vent, éteindre ton Flambeau,
Et que ton Vase d'or, doit enfin, se dissoudre.
Jeune et vieus, riche et pauvre, est soumis au Tombeau ;
Les Lauriers les plus vers sont sujets à la Foudre ;
Ton corps, ce riche Habit, ce Chef-d'oeuvre si beau... -
Quel est ce Monstre horrible, et sans Chair, et sans Yeux,
Qui d'une Faus armé, grans et petits menace
Et qui, d'un pié superbe, également terrasse,
Et le riche, et le pauvre, et le jeune, et le vieus ?
Chrétien, voy sans horreur cet objet odieus :
Voy, sous son Masque affreus, de ton Sauveur la Face,
Voy, dans sa dure Main des nouvelles de Grace,
Et,... -
Venise
Nos marbres, pierres de tombeaux,
Sont funèbres ou prosaïques.
Les marbres roses ne sont beaux
Que près de l'or des mosaïques.
Le ciel levant vient se poser
Sur leurs finesses d'aquarelles :
On dirait qu'il donne un baiser
À des gorges de tourterelles.
En des accords blonds et tremblants
Résumant la douceur des choses,... -
A Sully Prudhomme.
Pour faire tous les coeurs contents
Avril revient. C'est le printemps
Qui pleure, qui rit et barbotte,
Et qui, chargé de falbalas,
Nous offre ses premiers lilas
"Fleurissez-vous ! deux sous la botte !"
Puis, comme un rêve parfumé,
Les petites roses de mai,
Et les dernières violettes,
... -
Du wagon sombre où rien ne bouge, où rien ne luit,
Las des rêves, mauvais compagnons pour la nuit,
Le voyageur, avec le jour, cherchant l'espace,
Salue en souriant la campagne qui passe :
Les arbres, les moissons hautes, l'azur des prés
Lointains, sur le penchant des coteaux diaprés,
Les villages qui sont tout proches de la route,
Les troupeaux ruminants et... -
Le bal allait finir. Les lustres sur les masques
Découpaient la lumière en caprices fantasques,
Et sur les fronts ternis montraient à vif le fard.
L'oeil était somnambule et le rire blafard.
La femme avait vieilli de dix ans en une heure.
Ce n'était pas le beau plaisir qui nous effleure
D'une aile diaprée et légère. C'était
Le plaisir convulsif et... -
À l'abri de l'hiver qui jetait vaguement
Sa clameur, dans la chambre étroite et bien fermée
Où mourait un bouquet fait de ta fleur aimée,
Parmi les visions de l'étourdissement ;
Pendant qu'avec la joie extrême d'un amant
Je froissais d'un coeur las et d'une main pâmée
L'étoffe frémissante et la chair embaumée,
Mon sang montait plus lourd à chaque...