Dame d'honneur par-dessus les étoiles
Exaltée es très glorieusement,
Allaité as de tes saintes mamelles
Celui qui t'a créé providamment.
Par le fruit que mangea notre grand'mère,
Du lieu de paix fûmes privés jadis
Mais ton saint fruit nous ôte de misère
En nous rendant la joie et paradis.
Tu es la porte où passa le haut roi :
Porte...
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Miséricorde, qui est si pitoyable,
Ne devrait pas des princes être loin,
Mais aujourd'hui elle a l'épée au poing
Souffrant punir cil qui n'est point coupable,
Elle tire, de façon admirable,
D'un arc turquois et Rigueur s'appareille
De lui souffler paroles en l'oreille ;
Tel vent la fait inane et variable ;
D'autre côté est l'Homme insatiable... -
Sotz lunatiques, Sotz estourdis, Sotz sages,
Sotz de villes, de chasteaulx, de villages,
Sotz rassotez, Sotz nyais, Sotz subtils,
Sotz amoureux, Sotz privez, Sotz sauvages,
Sotz vieux, nouveaux, et Sotz de toutes ages
Sotz barbares, estranges et gentilz,
Sotz raisonnables, Sotz pervers, Sotz retifs,
Vostre Prince, sans nulles intervalles,
Le Mardy... -
Considérez que guerre, l'immortelle,
Par son regard fier les courages tente ;
Dissension, héritier de cautelle,
Loge Fureur en pavillon ou tente :
Vengeance sort, laquelle essaye ou tente
De succomber ses ennemis mortels,
Remémorant qu'en guerre sont morts tels
Qui en France portent un grand dommage,
Mêmes perdu or, argent et alloy,
Par... -
Pensive suis, frappée d'ung subtil dart,
Et n'ay science ou habilité d'art
D'oster mon cueur d'amoureuse poincture,
Se ne complais à ma dame, Nature,
Qui mon esprit nuyt et jour brusle et art.
En plusieurs lieux je gette mon regard,
Et si ne voy nul qui me dye "Dieu gard !"
En ce beau lieu où prens ma nourriture,
Pensive suis, frappée d'ung... -
Ballade
Considérez que gens vindicatifs
Qui ne veulent les fautes pardonner,
Sont de péché les enfants nutritifs
Et ne veut Dieu de leur cas ordonner.
Tout homme humain se doit abandonner
A pardonner si on lui quiert merci,
Où jà son coeur ne sera éclairci
Quelque prière que par devers Dieu fasse,
Qui pardonne mérite d'avoir grâce ;... -
Où est Gautier, âme sans prix ?
Flaubert, bon géant chez les gnomes ?
Las ! dissipés dans le pourpris
Du temple d'azur aux sept dômes !...
Sur Banville, j'ai dit les psaumes,
Puis le créole aux vers sertis
Dans les rythmes grecs et les nomes.
Tous ceux que j'aimais sont partis.
Initiés du Verbe, épris
Du mystère des idiomes,
... -
Grâce à la muse qui m'inspire,
Il est fini ce monument
Que jamais ne pourront détruire
Le fer ni le flot écumant.
Le ciel même, armé de la foudre
Ne saurait le réduire en poudre :
Les siècles l'essaieraient en vain.
Il brave ces tyrans avides,
Plus hardi que les pyramides,
Et plus durable que l'airain.
Qu'atteste leur masse... -
Aigle qui ravis les Pindares
Jusqu'au trône enflammé des dieux,
Enthousiasme, tu m'égares
A travers l'abîme des cieux.
Ce vil globe à mes yeux s'abaisse ;
Mes yeux s'épurent, et je laisse
Cette fange, empire des rois :
Déjà, sous mon regard immense,
Les astres roulent en silence,
L'Olympe tressaille à ma voix.
Ô muse, dans l'ombre... -
Les gants à la Phyllis protègent ses mains blanches ;
Elle marche, les bras écartés par des manches
Gonflant avec ampleur leur ballon tailladé.
D'un pas grave et contrit, elle entre dans l'église ;
Hélas ! l'esprit malin hier soir l'a surprise,
Elle a dansé le branle et le motivandé. [...]