• Tu sais l?amour et son ivresse
    Tu sais l?amour et ses combats ;
    Tu sais une voix qui t?adresse
    Ces mots d?ineffable tendresse
    Qui ne se disent que tout bas.

    Sur un beau sein, ta bouche errante
    Enfin a pu se reposer,
    Et sur une lèvre mourante
    Sentir la douceur enivrante
    Que recèle un premier baiser?

    Maître de ces biens qu?on envie...

  • Sur tes riches tapis, sur ton divan qui laisse
    Au milieu des parfums respirer la mollesse,
    En ce voluptueux séjour,
    Où loin de tous les yeux, loin des bruits de la terre,
    Les voiles enlacés semblent, pour un mystère,
    Eteindre les rayons du jour,

    Ne t'enorgueillis pas, courtisane rieuse,
    Si, pour toutes tes soeurs ma bouche sérieuse
    Te sourit...

  • J'ai souvent comparé la villégiature
    Aux phases d'un voyage entrepris en commun
    Avec des étrangers de diverse nature
    Dont on n'a de ses jours vu ni connu pas un.

    Au début de la route, en montant en voiture,
    On s'observe : - l'un l'autre on se trouve importun ;
    L'entretien languissant meurt faute de pâture...
    Mais, petit à petit, on s'anime ; et chacun...

  • Alfred, j?ai vu des jours où nous vivions en frères,
    Servant les mêmes dieux aux autels littéraires :
    Le ciel n?avait formé qu?une âme pour deux corps ;
    Beaux jours d?épanchement, d?amour et d?harmonie,
    Où ma voix à la tienne incessamment unie
    Allait se perdre au ciel en de divins accords.

    Qui de nous a changé ? Pourquoi dans la carrière
    L?un court-il...

  • J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage,
    Comme un port où le c?ur, trop longtemps agité,
    Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage,
    Un dernier jour de calme et de sérénité.

    Une femme modeste, à peu près de mon âge
    Et deux petits enfants jouant à son côté ;
    Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage,
    Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été....

  • Tu me lias de tes mains blanches,
    Tu me lias de tes mains fines,
    Avec des chaînes de pervenches
    Et des cordes de capucines.

    Laisse tes mains blanches,
    Tes mains fines,
    M'enchaîner avec des pervenches
    Et des capucines.

  • Coupez le myrte blanc aux bocages d'Athènes,
    A Nîmes le jasmin ;
    A Lille et dans Paris, que les roses hautaines
    Tombent sous votre main,

    Aux Martigues d'azur allez cueillir encore
    La flore des étangs,
    Pour former la couronne, amis, qui me décore
    Et me garde du temps.

  • Autrefois je tirais de mes flûtes légères
    Des fredons variés qui plaisaient aux bergères
    Et rendaient attentifs celui qui dans la mer
    Jette ses lourds filets et celui qui en l'air
    Dresse un piège invisible et ceux qui d'aiguillons
    Poussent parmi les champs les boeufs creuse-sillons.
    Priape même, alors, sur le seuil d'un verger,
    En bois dur figuré, semblait m'...

  • Je ne regrette rien, ni des lauriers superbes
    L'honneur qui m'était dû,
    Ni cet heureux plaisir, fait de fruits et de gerbes,
    Comme un vin répandu :

    Je vois dans tout ce deuil, dans la Parque sinistre
    De mes plus chers amis,
    Que le ciel a bien su tenir à son ministre
    Ce qu'il avait promis.

  • Ses mains qu'elle tend comme pour des théurgies,
    Ses deux mains pâles, ses mains aux bagues barbares ;
    Et toi son cou qui pour la fête tu te pares !
    Ses lèvres rouges à la clarté des bougies ;

    Et ses cheveux, et ses prunelles élargies
    Lourdes de torpeur comme l'air autour des mares ;
    Parmi les bêtes fabuleuses des simarres,
    Vous ses maigreurs, vous mes...