• C'estoit assés de vos yeux pleins de charmes
    Pour vaincre ma raison ;
    Mais vous chantez encor ! ô quelle trahison !
    Doit-on blesser ceux qui rendent les armes ?
    Je voy bien que ma mort est tout vostre desir ;
    He bien ! je meurs ; mais je meurs de plaisir.

    Vous eussiez eu d'une mort plus cruelle
    L'esprit plus satisfait ;
    Mais pouviez-vous chanter et...

  • Un amas confus de maisons
    Des crottes dans toutes les rues
    Ponts, églises, palais, prisons
    Boutiques bien ou mal pourvues

    Force gens noirs, blancs, roux, grisons
    Des prudes, des filles perdues,
    Des meurtres et des trahisons
    Des gens de plume aux mains crochues

    Maint poudré qui n'a pas d'argent
    Maint filou qui craint le sergent
    Maint...

  • Philis me traitte avec rigueur ;
    Mon coeur, jour et nuit, en soûpire.
    Ne vous affligez pas, mon coeur :
    Ce n'est pas un trop grand malheur ;
    Il ne faut que luy dire.

    Bien souvent, ce qui nous fait peur,
    Un moment apres nous fait rire ;
    Phillis pourra changer d'humeur :
    C'est alors qu'il faudra, mon coeur,
    Tout faire et ne rien dire.

  • Beauté, seringue à brazier,
    Coeur d'acier
    Tu m'as mis le flanc
    A feu et à sang.
    Helas ! l'amour m'a pris
    Comme le chat fait la souris.

  • Vous m'avez demandé pour qui mon coeur soûpire ;
    Je n'en seray pas mieux quand je vous le diray ;
    C'est à vous seulement que je crains de le dire :
    Jugez, Philis, pour qui mon coeur a soûpiré.

    Je languis, je me plains, je pleure, je soûpire,
    Et tout cela, Philis, depuis que je vous voy ;
    Helas ! vous sçavez bien ce que cela veut dire
    Et ce que j'ay...

  • [...] Ici le bel art de piper
    Très impunément se pratique ;
    Ici tel se laisse attraper
    Qui croit faire aux pipeurs la nique.
    Approchons ces gens assemblés,
    Hommes parmi femmes mêlés
    J'y vois, ce me semble, une dupe,
    Car ce beau porte-point-coupé,
    D'un touffu panache huppé,
    Près de cette brillante jupe
    Qui bien plus que son jeu l'occupe...

  • Ode burlesque.

    Cher du PIN, je suis indigent
    Plus que le party de la Fronde ;
    Je n'ay point d'or et moins d'argent
    C'est le plus grand mal-heur du monde.

    Et tu me voudrois conseiller
    De faire quelque Comedie ?
    Il est mal aisé de railler
    Quand peu s'en faut qu'on ne mandie.

    Nostre Roy, qui, sans le vanter,
    Vaut bien l'...

  • Precieux et Royal Bijou,
    Second joyau de la Couronne,
    Present du Ciel, beau Duc d'Anjou,
    Me prendrez-vous, si je me donne ?

    Ne me croirez-vous point un fou,
    De vous presenter ma personne,
    Moy qui suis moins qu'un sapajou,
    Moy chetif, qui desja grisonne ?

    Si pourtant vous le trouvez bon,
    J'ose vous dire que ce don
    Est tres-rare...

  • Le roi s'en est allé, son Éminence aussi ;
    Le courtisan escroc sans contenter son hôte,
    Jurant qu'à son retour il comptera sans faute
    Pique le grand chemin en botte de roussi.

    Les officiers du roi sont fort rares ici ;
    Et la gent de justice et celle de maltôte
    A le haut du pavé et va la tête haute
    En l'absence du roi qui va vers Beaugency.
    ...

  • Hé bien ! je consens de mourir.
    Aussi bien l'espoir de guerir
    Me flateroit en vain des douceurs de la vie.
    Je n'ay plus qu'un moment à desplaire à vos yeux ;
    Vous allez voir, belle Silvie,
    Quand je ne seray plus, si vous en serez mieux.