• Tu as voulu que je raconte en ryme
    Comme Medee en sa jeunesse prime,
    D’Angennes, sent du nouveau Cupidon,
    Premierement la fleche et le brandon :
    Je te complais, encores...

  • Honorant mes amis des presents de ma Muse,
    Dangennes, je seroy dehors de toute excuse
    Si j’aloy t’oublier : car c’est toy (je le sçay)
    Qui defens le party de mon nouvel essay

    De mesurer les vers en la langue Francoyse
    À l’antique façon et Romaine et...

  • Cette belle ennemie et d'Amour et de moi,
    Qui presqu'en se jouant range tout en servage,
    A pour soldats choisis, et pour riche équipage
    L’honneur, la Chasteté. la Constance et la Foi :

    Un seul mauvais penser n'a place auprès de soi,
    La Vertu toute vive est peinte en son visage :
    Si bien que qui la voit lève au Ciel son courage,
    Et des communs désirs...

  • Je vous offre ces vers qu’Amour m'a fait écrire,
    De vos yeux ses flambeaux ardemment agité,
    Non pour sacrer ma peine à l'immortalité :
    Car à si haut loyer ma jeunesse n'aspire.

    C'est le but de mes vœux, que je vous fasse lire
    Le variable état de ma captivité,
    Célébrant vos honneurs si je suis bien traité,
    Accusant vos rigueurs si je sens du martyre...

  • Je reconnois en elle mon courage
    Car le sien mesme estre le mien je croy.
    J'y reconnois de Nature la loy,
    Qui de nous deux n'ha fait qu'un mesme ouvrage.

    Je reconnois encores d'avantage :
    Je suis en elle, et je la sens en moy.
    Pour le moins donq aux signes que je voy
    Elle est la mienne, ou moy la sienne image.

    Je pense avoir des signes...

  • Chacun peut bien de cette autre Diane
    La beauté voir jointe à la chasteté
    Mais je suis seul qui voy la Sainteté
    Du clair esprit par le corps diaphane :

    Par ce corps là, non pas corps, mais le fane
    D'une nouvelle et haute deité,
    Fane, lequel (impie iniquité !)
    L'irreverente ignorance prophane.

    Donc moy qui suis de si belle lumiere
    ...

  • Ce grand Amour qui au beau de ma dame,
    De mon esprit les yeux va conduisant,
    Est un Soleil, chauld, clair et reluisant
    C'est proprement le Soleil de mon ame,

    Ce beau Soleil de sa tresclaire flamme,
    Me fait tout voir un univers plaisant :
    Mais de son feu cruellement cuisant,
    Trop ardemment il me brule et enflamme.

    Car en son Ciel il est...

  • J'estois tout seul entier dans mon essence,
    Au paradis de l'amour de moy-mesme,
    Et mon esprit, en ce logis supreme,
    Se reposoit sus ma douce indolence :

    A mon resveil, je vy en ma presence
    Celle moitié de mon tout, que plus j'ayme
    Estre sans moy, cause et principal theme
    De ceste mort, que j'ay par son offense.

    Puis que je n'ay donq...

  • De moy elle a, et d'elle j'ay la vie,
    La vie moy ? mais, las, j'ay la mort d'elle,
    Qui toutesfois auray vengeance telle
    Que par sa mort ma mort sera suyvie :

    L'on diroit bien qu'elle a brulante envie
    De m'estre douce, autant qu'elle est rebelle,
    Car si je ris, elle rit (l'infidele)
    Et mon pleurer à pleurer la convie :

    Mais tant en vain ce...

  • Quiconque fit d'Amour la pourtraiture,
    De cet Enfant le patron ou prit il,
    Sur qui tant bien il guida son outil
    Pour en tirer au vray ceste peinture ?

    Certe il sçavoyt l'effet de sa pointure,
    Le garnissant d'un arc non inutil :
    Bandant ses yeulx de son pinceau subtil,
    Il demonstroit nostre aveugle nature.

    Tel qu'en ton coeur, ô peintre,...