• La campagne était fraîche et tout ensoleillée ;
    Le souffle du matin passait les blés verts,
    Et je marchais dans l’herbe odorante et mouillée
    En récitant des vers.

    J’étais gai, bien portant, et libre au fond de l’âme ;
    J’avais enfin dompté mon douloureux amour,
    Et nul amer...

  • Sur le grand lit drapé de rideaux de dentelle
    Qu’une pale veilleuse éclairait à demi,
    Je m’assis en silence, et, m’accoudant près d’elle,
    Longtemps je contemplai son visage endormi.

    Est-il des cœurs si faux que leur sommeil nous mente ?
    — Qui croire alors ? — Penché sur elle et sans parler,
    Je regardais dormir cette tête charmante
    Qu’un rêve...

  • Dans le ciel du couchant, délicat, tendre et clair,
    Une étoile faisait trembler sa douce flamme,
    Et tes yeux souriants et calmes avaient l’air
    De laisser transparaître et luire ta chère âme.

    Dans ton petit jardin nous marchions pas à pas,
    Et moi je savourais l’émotion profonde
    De sentir sur mon bras s’abandonner ton bras.
    Oh ! dis ! — nous croyais-tu...

  • Quand le vaisseau, bercé par la mer caressante,
    S’arrête aux bords heureux de la terre de Zante
    Que les Italiens nomment « fleur du Levant »‚
    Le voyageur vers lui voit voler cent nacelles,
    Toutes pleines de fleurs humides et nouvelles
    Dont l’âme errante flotte et parfume le vent.

    On dirait des jardins balancés sur les lames,
    Et ce sont des œillets...