• La connais-tu, Daphné, cette vieille romance
    Au pied du sycomore... ou sous les mûriers blancs,
    Sous l'olivier plaintif, ou les saules tremblants,
    Cette chanson d'amour, qui toujours recommence ?

    Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
    Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
    Et la grotte fatale aux hôtes imprudents
    Où du serpent vaincu...

  • Quiconque a regardé le soleil fixement
    Croit voir devant ses yeux voler obstinément
    Autour de lui, dans l'air, une tache livide.

    Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
    Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :
    Un point noir est resté dans mon regard avide.

    Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
    Partout, sur quelque endroit que s...

  • Ces nobles d'autrefois dont parlent les romans,
    Ces preux à fronts de boeuf, à figures dantesques,
    Dont les corps charpentés d'ossements gigantesques
    Semblaient avoir au soi racine et fondements ;

    S'ils revenaient au monde, et qu'il leur prît l'idée
    De voir les héritiers de leurs noms immortels,
    Race de Laridons, encombrant les hôtels
    Des ministres...

  • "Ce roc voûté par art, chef-d'oeuvre d'un autre âge,
    Ce roc de Tarascon hébergeait autrefois
    Les géants descendus des montagnes de Foix,
    Dont tant d'os excessifs rendent sûr témoignage."

    O seigneur Du Bartas ! Je suis de ton lignage,
    Moi qui soude mon vers à ton vers d'autrefois ;
    Mais les vrais descendants des vieux Comtes de Foix
    Ont besoin de...

  • Tu demandes pourquoi j'ai tant de rage au coeur
    Et sur un col flexible une tête indomptée ;
    C'est que je suis issu de la race d'Antée,
    Je retourne les dards contre le dieu vainqueur.

    Oui, je suis de ceux-là qu'inspire le Vengeur,
    Il m'a marqué le front de sa lèvre irritée,
    Sous la pâleur d'Abel, hélas ! ensanglantée,
    J'ai parfois de Caïn l'implacable...

  • Il était un roi de Thulé
    A qui son amante fidèle
    Légua, comme souvenir d'elle,
    Une coupe d'or ciselé.

    C'était un trésor plein de charmes
    Où son amour se conservait :
    A chaque fois qu'il y buvait
    Ses yeux se remplissaient de larmes.

    Voyant ses derniers jours venir,
    Il divisa son héritage,
    Mais il excepta du partage
    La coupe...

  • Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,
    Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,
    À ton front inondé des clartés de l'Orient,
    Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.

    C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse,
    Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,
    Quand aux pieds d'lacchus on me voyait priant,
    Car la Muse m'a fait l'un...