• (pour le prier de parler au roi)

    Là où savez, sans vous ne puis venir.
    Vous êtes cil qui pouvez subvenir
    Facilement à mon cas et affaire,
    Et des heureux de ce monde me faire,
    Sans qu'aucun mal vous en puisse advenir.

    Quand je regarde, et pense à l'avenir,
    J'ai bon vouloir de sage devenir :
    Mais sans support je ne me puis retraire
    Là où...

  • Je ne t'écris de l'amour vaine et folle :
    Tu vois assez s'elle sert ou affolle ;
    Je ne t'écris ni d'armes, ni de guerre :
    Tu vois qui peut bien ou mal y acquerre ;
    Je ne t'écris de fortune puissante :
    Tu vois assez s'elle est ferme ou glissante ;
    Je ne t'écris d'abus trop abusant :
    Tu en sais prou et si n'en vas usant ;
    Je ne t'écris de Dieu ni sa...

  • Plus ne suis ce que j'ai été,
    Et ne le saurais jamais être.
    Mon beau printemps et mon été
    Ont fait le saut par la fenêtre.
    Amour, tu as été mon maître,
    Je t'ai servi sur tous les Dieux.
    Ah si je pouvais deux fois naître,
    Comme je te servirais mieux !

  • Tout à part soi est mélancolieux
    Le tien servant, qui s'éloigne des lieux,
    Là où l'on veut chanter, danser et rire :
    Seul en sa chambre il va ses pleurs écrire,
    Et n'est possible à lui de faire mieux.

    Car quand il pleut, et le Soleil des Cieux
    Ne reluit point, tout homme est soucieux,
    Et toute bête en son creux se retire
    Tout à part soi.
    ...

  • Je suis aimé de la plus belle
    Qui soit vivant dessous les cieux :
    Encontre tous faux envieux
    Je la soutiendrai être telle.

    Si Cupido doux et rebelle
    Avait débandé ses deux yeux,
    Pour voir son maintien gracieux,
    Je crois qu'amoureux serait d'elle.

    Vénus, la Déesse immortelle,
    Tu as fait mon coeur bien heureux,
    De l'avoir fait être...

  • Toutes les nuits je ne pense qu'en celle
    Qui a le corps plus gent qu'une pucelle
    De quatorze ans, sur le point d'enrager,
    Et au dedans un coeur (pour abréger)
    Autant joyeux qu'eut oncque damoiselle.

    Elle a beau teint, un parler de bon zèle,
    Et le tétin rond comme une groselle :
    N'ai-je donc pas bien cause de songer
    Toutes les nuits ?

    ...

  • Bonjour : et puis, quelles nouvelles ?
    N'en saurait-on de vous avoir ?
    S'en bref ne m'en faites savoir,
    J'en ferai de toute nouvelles.

    Puisque vous êtes si rebelles,
    Bon vêpre, bonne nuit, bonsoir,
    Bonjour !

    Mais si vous cueillez des groselles,
    Envoyez-m'en ; car, pour tout voir,
    Je suis gros, mais c'est de vous voir
    Quelque matin,...

  • A mon désir, d'un fort singulier être
    Nouveaux écrits on m'a fait apparaître,
    Qui m'ont ravi, tant qu'il faut que par eux
    Aie liesse ou ennui langoureux :
    Pour l'un ou l'autre Amour si m'a fait naître.

    C'est par un coeur que du mien j'ai fait maître,
    Voyant en lui toutes vertus accroître :
    Et ne crains, fors qu'il soit trop rigoureux
    A mon désir....

  • Pour courir en poste à la ville
    Vingt fois, cent fois, ne sais combien ;
    Pour faire quelque chose vile,
    Frère Lubin le fera bien ;
    Mais d'avoir honnête entretien
    Ou mener vie salutaire,
    C'est à faire à un bon chrétien,
    Frère Lubin ne le peut faire.

    Pour mettre, comme un homme habile
    Le bien d'autrui avec le sien,
    Et vous laisser...

  • Quand j'ai pensé en vous, ma bien-aimée,
    Trouver n'en puis de si grande beauté :
    Et de vertu seriez plus estimée,
    Qu'autre qui soit, si n'était cruauté.
    Mais pour vous aimer loyaument
    J'ai récompense de tourment :
    Toutefois quand il vous plaira,
    Mon mal par merci finira.

    Dès que mon oeil aperçut votre face,
    Ma liberté du tout m'abandonna,...