Nous ferons l’aïoli ! C’est dit ! Et chacun rêve
De cabanons parmi les pins, près de la grève,
Où, tandis que les uns pêchent quelque poisson,
La ligne en main, tirant trop souvent l’hameçon,
Tandis que moins ardents les autres font un somme,
Le plus connu pour son adresse, le vieil homme
Habile à bien broyer dans le mortier profond
L’ail roux...
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Le courage n’est pas seulement au soldat ;
Il n’est pas seulement à l’homme qui se bat.
Pour défendre son pays qui pense et qui travaille —
La vie est elle-même un vrai champ de bataille
Où chaque travailleur a son courage à lui.
Fuir le travail qu’on doit, c’est encore avoir fui.
Et moi, moi, qui n’ai pas du tout peine à vivre,
N’ayant qu’à... -
Ô Méditerranée, ô mer tiède, ô mer calme,
Grand lac que sans effroi traversent les oiseaux,
Les aiguilles des pins d’Italie & la palme
Vibrent dans la clarté limpide de tes eaux.Tes golfes dentelés ont de divins caprices,
Ton éclatant rivage a des cailloux d’argent,
Et la voile latine erre sur tes flots lisses,
Charmante comme un cygne immobile... -
Le contour des objets tremble. Le jour recule.
Les horizons sont plus prochains au crépuscule,
Et la colline semble un navire qui va…
Voici l’heure féerique où tout ce qu’on rêva
D’étrange reparaît tout à coup dans les choses :L’arbre noueux se tord en de bizarres poses ;
Un frisson court. Les bruits ressemblent à des voix ;
L’horreur sacrée emplit... -
L’aspiration est pareille
À l’oiseau, vautour ou condor,
Qui plane dans l’aube vermeille,
Dans les nuits & les couchants d’or.On aime ensemble & l’on redoute
Cet oiseau fauve au bec de fer
Qui sait se creuser une route
Dans la nuée & dans l’éclair.Celui qui l’ignore le nomme
Roc ou Phénix, & n’y croit pas ;
... -
L’âme est en nous gênée, immobile, plaintive ;
Son aile est repliée, hélas ! & s’il arrive
Parfois que le regret du ciel éblouissant
La prenne, & que l’essor la tourmente, elle sent
Se rétrécir soudain la geôle accoutumée,
Et c’est comme un oiseau dans une main fermée. -
J’ai suivi du regard le vol d’une hirondelle,
Et, très-haut dans l’azur, chaque battement d’aile
Que je n’entendais pas figurait à mes yeux
Les signes longs ou brefs d’un rhythme harmonieux ;
Après des coups pressés comme des cris de joie,
Le vol s’apaise, l’aile entière se déploie
Immobile, & bientôt l’andante grave suit
L’allegro palpitant qui... -
Voyez dans l’île au loin ces blés jaunes, mouvants
Comme un lac d’or fondu sous la chaleur des vents ;
Chaque onde en est d’une autre avec lenteur suivie
Et la lourde moisson chante un hymne à la vie.
Ce spectacle est divin ! — Mais crois-moi cependant,
Suis la pente du Rhône, ô passager prudent,
Descends vers la mer bleue aux brises salutaires
Et fuis... -
Savez-vous bien d’où moi, Mascarille, aujourd’hui
J’arrive ? — De l’Olympe ! — En vérité ? — Mais oui,
Car Jupiter, voulant, par un royal caprice,
Que l’Olympe, en l’honneur de Molière, applaudisse
Une pièce du maître, a, d’un geste, évoqué
Un éclatant décor auquel rien n’a manqué,
Et nous a fait donner Amphitryon qu’il aime ;
Chaque... -
Shakspeare !
Son grand nom plane sur les deux Mondes,
Et dans tout esprit d’homme il vit, il parle, — il est,
Mieux qu’aux jours où, cerveau plein de choses profondes,
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