Au fond d’un vieux livre latin,
Solitaire et cachée,
Souvenir d’un amour lointain,
Petite fleur séchée,
Je te retrouve, et, — qui l’eût dit ? —
...
-
-
La matinée est froide, octobre va finir.
La brodeuse là-haut travaille à sa croisée,
D’où l’on voit scintiller les toits blancs de rosée
Et les bois des coteaux à l’horizon jaunir.Elle n’a pas trente ans encor ; mais la jeunesse
Que ne dorent l’amour ni la maternité
Demeure sans parfum, sans duvet velouté,
Comme un fruit que jamais le soleil ne... -
La prison où Jean-Marc, le fier coupeur de chênes,
Rongeait son frein depuis six mortelles semaines
Vient d’ouvrir ses verrous.
Il bondit à l’air libre, il semble avoir des ailes,Tant il court,… et les clous de ses lourdes semelles
Sonnent sur les cailloux.Six semaines sans voir sa forêt bien-aimée,
Six semaines d’ennuis pour deux brins de ramée... -
Au retour de la guerre et tout poudreux encore,
Le bien-aimé heurtait à la porte sonore :— Pan ! pan ! — L’aube a rougi,
Et ta porte est fermée ;
Viens ouvrir, bien-aimée,
À ton ami.Entends-tu l’hirondelle ?
N’as-tu donc pas, ma belle,
Assez dormi ?Il entra ; mais l’enfant dans un froid lit de planches
Reposait, le front ceint... -
Paysages et Souvenirs
I. — La Vigne en fleur
C’était une vallée entre Saint-Cyr et Luynes,
Dont la vigne à foison couvrait les deux versans ;
La tiède nuit de juin glissait sur les collines,
Et dans les chemins creux brillaient des vers luisans.Lorsque pour son amant le soir la bien-aimée
... -
Ceci n’est pas un conte, amis, c’est une histoire,
Une histoire réelle et triste, en vérité.
Longtemps je l’ai gardée au fond de ma mémoire
Comme un vieux souvenir intime et respecté ;
Aujourd’hui je la dis dans sa simplicité,
Aujourd’hui que la tombe est à jamais fermée
Sur celle qu’en ce monde on appelait Aimée.Pauvre tombeau muet, sous la mousse...
-
Avec sa bouche aux coins rieurs
Et ses yeux verts qu’un regret baigne
De mélancoliques lueurs,
Elle a pris mon âme, elle y règne,
Et j’aime sa blonde beauté,
Faite de grâce & de fierté.Elle est fantasque & violente,
Mais elle met dans un coup d’œil
Une caresse amollissante
Qui fond lentement mon orgueil,
Et sa voix d’enfant... -
Paris s’endort. — Les nuées
Par un vent frais remuées
S’éparpillent dans les airs ;
Sous leur brume pâle & fine
La lune en manteau d’hermine
Plane sur les quais déserts.Là-bas, comme une âme en peine,
Une créature humaine,
Bras nus, les cheveux au vent,
Passe morne & désolée…
Là-bas, dans la contre-allée,
Près d’un... -
Viens voir sur la colline, à l’heure où le jour fuit,
Les constellations éclore dans la nuit.
La campagne s’endort silencieuse. Écoute !…
Les rumeurs des pesants chariots sur la route
Vont s’éloignant toujours ; à peine, par moment,
Du fond de quelque ferme un sonore aboîment
Réveille les grands bois absorbés dans leur rêve.
Les vagues des épis qu’un... -
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.
Brins d'osier, vous serez le lit frêle où la mère
Berce un petit enfant aux sons d'un vieux couplet :
L'enfant, la lèvre encor toute blanche de lait,
S'endort en souriant dans sa couche légère.
Brins d'osier, brins d'osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts...