Sur les visages des floraisons d’or,
Voici qu’un auroral soleil se penche
Et les frôlant, de branche en branche,
Dans une clarté pourpre éclate en baisers d’or.
Pulpeux et lourds, comme des bouches rouges
Et lumineux de leurs sèves hautaines,
Sous des rameaux feuillus, qui cachent des fontaines,
L’aube caille le sang des raisins...
Je m’habille des loques de mes jours ;
Et le bâton de mon orgueil, il plie.
Mes pieds, dites, comme ils sont lourds
De me porter, de me traîner, toujours,
Au long du siècle de ma vie.
Mon âme est un carillon noir
Qui sonne au loin, sur un rempart,
Qui sonne à vide ;
Mes bras sont vains
Toute ma tête est vaine...
La plaine est morne et ses chaumes et granges
Et ses fermes dont les pignons sont vermoulus,
La plaine est morne et lasse et ne se défend plus,
La plaine est morne et morte — et la ville la mange.
Formidables et criminels,
Les bras des machines hyperboliques.
Fauchant les blés évangéliques,...
La plaine est morne, avec ses clos, avec ses granges
Et ses fermes dont les pignons sont vermoulus,
La plaine est morne et lasse et ne se défend plus,
La plaine est morne et morte - et la ville la mange.
Formidables et criminels,
Les bras des machines diaboliques,
Fauchant les blés évangéliques,
Ont effrayé le vieux semeur mélancolique
Dont...
Je veux mener tes yeux en lent pèlerinage
Vers ces loins de souffrance, hélas ! où depuis quand,
Depuis quels jours d'antan, mon coeur fait hivernage !
C'est mon pays d'immensément,
Où ne croît rien que du néant,
Battu de pluie et de grand vent.
C'est mon pays de long linceul.
Mes rivières y font de lents serpents
D'eau jaune à travers de...
Par les plaines de mon âme, tournée au Nord,
Le vieux berger des novembres mornes, il corne,
Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
Il corne au loin l'appel des brebis de la mort.
L'étable est faite en moi avec mon vieux remord,
Au fond de mes pays de tristesse sans borne,
Par les plaines de mon âme, qu'une viorne,
Lasse de ses flots...