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    Près d’une porte où luit du sang, sur les battants,
    Mon cœur, là-bas, est haletant ;
    Près d’une porte, en des sous-sols, voisins de havres,
    Mon cœur surveille au loin de terribles cadavres.

    Ce sont des morts qu’on y apporte,
    À bras d’hommes ou sur des brancards noirs ;
    Des morts anciens qu’on apporte, le soir,
    Et que l’on...

  • Partout, de loin en loin, de proche en proche,

    Et pour les morts et les saints,
    Et pour les hiers et les demains,
    Partout sonnent, sur les chemins,
    Et dans l’écho ricochent,
    Les cloches.

    L’heure est triste : les champs, les champs s’en vont mourir
    Brumes, recouvrez-les de vos étoupes lourdes ;
    Cloches,...

  • Comme enfermés et secoués

    En un sac invisible,
    Une ronde de moucherons
    Tourne dans le soleil.

    L’après-midi finit : l’air est vermeil.
    Ainsi que de longues glissoires d’or,
    Des bandes de clarté obliques
    Passent entre les troncs
    Et s’étendent sur les gazons.

    Dans un pli de terrain,
    Un fin...

  • Mon cœur? — Il est tombé dans le puits de la mort.
    Et sur le bord de la margelle
    Sur le bord de la vie et de la margelle
    J’entends mon cœur lutter, dans le puits de la mort.

    — Le silence est effrayant —

    Comme un morceau de gel
    La lune aussi, au fond du puits
    Laisse tomber sa pâleur éternelle.

    Mon cœur est un quartier de...

  • Comme à d'autres, l'heure et l'humeur :
    L'heure morose ou l'humeur malévole
    Nous ont, de leurs sceaux noirs, marqué le coeur,
    Mais, néanmoins, jamais,
    Même les soirs des jours mauvais
    Nos coeurs ne se sont dit les fatales paroles.

    La sincérité claire, ardente, illuminée,
    Nous fut joie et conseil,
    Si bien que notre âme passionnée
    Toujours s'y...

  • C'est bien mon deuil, le tien, ô l'automne dernière !
    Râles que roule, au vent du nord, la sapinière,
    Feuillaison d'or à terre et feuillaison de sang,
    Sur des mousses d'orée ou des mares d'étang,
    Pleurs des arbres, mes pleurs, mes pauvres pleurs de sang.

    C'est bien mon deuil, le tien, ô l'automne dernière !
    Secousses de colère et rages de crinière,
    ...

  • C'est la bonne heure où la lampe s'allume :
    Tout est si calme et consolant, ce soir,
    Et le silence est tel, que l'on entendrait choir
    Des plumes.

    C'est la bonne heure où, doucement,
    S'en vient la bien-aimée,
    Comme la brise ou la fumée,
    Tout doucement, tout lentement.

    Elle ne dit rien d'abord - et je l'écoute ;
    Et son âme, que j'entends...

  • Chaque heure, où je songe à ta bonté
    Si simplement profonde,
    Je me confonds en prières vers toi.

    Je suis venu si tard
    Vers la douceur de ton regard,
    Et de si loin vers tes deux mains tendues,
    Tranquillement, par à travers les étendues!

    J'avais en moi tant de rouille tenace
    Qui me rongeait à dents rapaces,
    La confiance
    J'étais si...