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    Lacte ferino !

    À l’ombre d’un figuier superbe,
    Prés d’un fleuve aux bords inconnus,
    Deux enfants sont couchés dans l’herbe,
    Frais, souriants, et demi-nus ;

    Le grand ciel bleu les environne,
    Un dernier rayon du soleil
    Semble poser une couronne
    Sur leurs fronts joints par le sommeil ;

    Et la brise qui vient des ondes,
    ...

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    Ma mère, elle a voulu garder, la sainte femme,
    Mon massif berceau d’autrefois ;
    Il rêve dans un coin aux jours d’épithalame
    Où moi, l’enfant nouveau, j’avais une jeune âme
    Et la mère une jeune voix.

    Mais la voix s’est usée et plus jamais ne chante
    Puisque les enfants sont grandis ;
    Et moi, je m’use aussi dans la foule méchante
    Et le...

  • Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
    Oh ! je le vois toujours ! j’y voudrais être encor !
    Au milieu des parfums j’y dormais sans défense,
    Et le soleil sur lui versait des rayons d’or.
    Peut-être qu’à cette heure il colore les roses,
    Et que son doux reflet tremble dans le ruisseau.
    Viens couler à mes pieds, clair ruisseau qui l’arroses ;
    Sous...

  • En la grand’chambre ancienne aux rideaux de guipure
    Où la moire est flétrie et le brocart fané,
    Parmi le mobilier de deuil où je suis né
    Et dont se scelle en moi l’ombre nacrée et pure ;

    Avec l’obsession d’un sanglot étouffant,
    Combien ma souvenance eut d’amertume en elle,
    Lorsque, remémorant la douceur maternelle,
    Hier, j’étais penché sur ma couche...

  • Non loin du pavillon que les fleurs ont caché,
    Les jasmins en grimpant avec le chèvrefeuille,
    Couvrent le frais berceau que nous avons cherché
    Afin que notre amour s’y tienne et s’y recueille.

    L’ombre du mur voisin vient tomber à nos pieds
    Un rayon en tremblant sur ta jupe se pose.
    Le vent derrière toi, pendant que tu t’assieds,
    Balance les lilas et...

  • Sous un berceau de fleurs, un bel enfant repose
    Dans les bras maternels, - deux ivoires polis.
    Vermeil, demi-penché, l'on dirait d'une rose
    Qu'un souffle de printemps incline entre deux lis.

    Déroulée en anneaux, sa chevelure est blonde
    Comme un bouquet d'épis aux mains du moissonneur.
    Bleus comme les lotus qui se mirent dans l'onde,
    Ses yeux en ont...

  • Je veille. Ne crains rien. J'attends que tu t'endormes.
    Les anges sur ton front viendront poser leurs bouches.
    Je ne veux pas sur toi d'un rêve ayant des formes
    Farouches ;

    Je veux qu'en te voyant là, ta main dans la mienne,
    Le vent change son bruit d'orage en bruit de lyre.
    Et que sur ton sommeil la sinistre nuit vienne
    Sourire.

    Le poète est...

  • Dans la chambre paisible où tout bas la veilleuse
    Palpite comme une âme humble et mystérieuse,
    Le père, en étouffant ses pas, s?est approché
    Du petit lit candide où l?enfant est couché ;
    Et sur cette faiblesse et ces douceurs de neige
    Pose un regard profond qui couve et qui protège.
    Un souffle imperceptible aux lèvres l?enfant dort,
    Penchant la tête ainsi qu?...

  • Avec l'obsession d'un sanglot étouffant,
    Combien ma souvenance eut d'amertume en elle,
    Lorsque, remémorant la douceur maternelle,
    Hier j'étais courbé sur ma couche d'enfant,

    En la grand'chambre ancienne aux rideaux de guipure,
    Où la moire est flétrie et le brocart fané,
    Parmi le mobilier de deuil où je suis né
    Et dont se scelle en moi l'ombre nacrée et...

  • De mon berceau d'enfant j'ai fait l'autre berceau
    Où ma Muse s'endort dans des trilles d'oiseau,
    Ma Muse en robe blanche, ô ma toute Maîtresse !

    Oyez nos baisers d'or aux grands soirs familiers...
    Mais chut ! j'entends la mégère Détresse
    A notre seuil faisant craquer ses noirs souliers !