• Au ciel, plein d'attention,
    ici la terre raconte ;
    son souvenir la surmonte
    dans ces nobles monts.

    Parfois elle parait attendrie
    qu'on l'écoute si bien -,
    alors elle montre sa vie
    et ne dit plus rien.

  • Ô belle corne, d'où
    penchée vers notre attente ?
    Qui n'êtes qu'une pente
    en calice, déversez-vous !

    Des fleurs, des fleurs, des fleurs,
    qui, en tombant font un lit
    aux bondissantes rondeurs
    de tant de fruits accomplis !

    Et tout cela sans fin
    nous attaque et s'élance,
    pour punir l'insuffisance
    de notre coeur déjà plein.
    ...

  • Avant que vous comptiez dix
    tout change : le vent ôte
    cette clarté des hautes
    tiges de maïs,

    pour la jeter ailleurs ;
    elle vole, elle glisse
    le long d'un précipice
    vers une clarté-soeur

    qui déjà, à son tour,
    prise par ce jeu rude,
    se déplace pour
    d'autres altitudes.

    Et comme caressée
    la vaste surface...

  • Arrêtons-nous un peu, causons.
    C'est encore moi, ce soir, qui m'arrête,
    c'est encore vous qui m'écoutez.

    Un peu plus tard d'autres joueront
    aux voisins sur la route
    sous ces beaux arbres que l'on se prête.

  • Notre avant-dernier mot
    serait un mot de misère,
    mais devant la conscience-mère
    le tout dernier sera beau.

    Car il faudra qu'on résume
    tous les efforts d'un désir
    qu'aucun goût d'amertume
    ne saurait contenir.

  • Tout ici chante la vie de naguère,
    non pas dans un sens qui détruit le demain ;
    on devine, vaillants, dans leur force première
    le ciel et le vent, et la main et le pain.

    Ce n'est point un hier qui partout se propage
    arrêtant à jamais ces anciens contours :
    c'est la terre contente de son image
    et qui consent à son premier jour.

  • Jamais la terre n'est plus réelle
    que dans tes branches, ô verger blond,
    ni plus flottante que dans la dentelle
    que font tes ombres sur le gazon.

    Là se rencontre ce qui nous reste,
    ce qui pèse et ce qui nourrit
    avec le passage manifeste
    de la tendresse infinie.

    Mais à ton centre, la calme fontaine,
    presque dormant en son ancien...

  • Quel calme nocturne, quel calme
    nous pénètre du ciel.
    On dirait qu'il refait dans la palme
    de vos mains le dessin essentiel.

    La petite cascade chante
    pour cacher sa nymphe émue ...
    On sent la présence absente
    que l'espace a bue.

  • Combien de ports pourtant, et dans ces ports
    combien de portes, t'accueillant peut-être.
    Combien de fenêtres
    d'où l'on voit ta vie et ton effort.

    Combien de grains ailés de l'avenir
    qui, transportés au gré de la tempête,
    un tendre jour de fête
    verront leur floraison t'appartenir.

    Combien de vies qui toujours se répondent ;
    et par l...

  • Sanglot, sanglot, pur sanglot !
    Fenêtre, où nul ne s'appuie !
    Inconsolable enclos,
    plein de ma pluie !

    C'est le trop tard, le trop tôt
    qui de tes formes décident :
    tu les habilles, rideau,
    robe du vide !