• Que j'aime le cabaret !
    Tout y rit, personne n'y querelle.
    La bancelle
    M'y tient lieu d'un tabouret.
    Laissons les interests
    Des culs, des tabourets ;
    La Noblesse
    Pour la fesse
    Fait prouesse :
    En bien beuvant
    Taschons d'en faire autant.

    Tout respect et tout honneur
    A Messieurs les porteurs de rapieres ;
    Leurs derrieres...

  • Ingratte, je n'ayme que toy
    Et tu feins de m'aymer, ingratte :
    Tandis que ta bouche me flatte,
    Ton ame me manque de foy.
    Ingratte, je n'ayme que toy
    Et tu feins de m'aymer, ingratte.

    Ta bouche l'a cent fois juré,
    Et cent fois a menty ta bouche,
    Que mon amour discret te touche
    Et que ton coeur m'est asseuré.
    Ta bouche l'a cent fois...

  • Je vous aymois : vous me l'aviez permis ;
    J'esperois d'estre aymé : vous me l'aviez promis.
    Mais, helas ! belle Iris, je voy bien le contraire ;
    Je n'ose en murmurer
    De peur de vous deplaire ;
    Mais il m'est permis d'expirer,
    S'il m'est ordonné de me taire.

    Dedans vos fers, charmé de vos appas,
    Je souffrois mes tourmens et ne m'en plaignois...

  • Mes yeux, vous avez veu Cloris ;
    Mon coeur, vous songez à ses charmes,
    Vous l'entendez chanter : helas ! vous estes pris ;
    Rendez, rendez les armes,
    Ô mon coeur, ô mes yeux ! c'estoit trop hazarder
    Que de l'entendre et de la regarder.

    Helas ! vous sçavez le danger
    Qui suit un amour temeraire,
    Et qu'un coeur dans ses fers ne s'en peut dégager ;...

  • Quand j'ay bien faim et que je mange
    Et que j'ay bien dequoy choisir,
    Je ressens autant de plaisir
    Qu'en grattant ce qui me demange.
    Cher Amy, tu m'y faits songer :
    Chacun fait des Chansons à boire,
    Et moy, qui n'ay plus rien de bon que la machoire,
    Je n'en veux faire qu'à manger.

    Quand on se gorge d'un potage
    Succulent comme un consommé...

  • Nous nous estions promis
    Une Amour eternelle.
    Quel crime ay-je commis
    Pour vous rendre infidelle ?

    Je voy bien que ma mort
    Est toute vostre envie,
    Et qu'un dernier effort
    Vous doit bien-tost, Silvie,
    Deslivrer d'une vie
    Qui vous desplaist si fort.

  • Vous, avec vos yeux, avec tes yeux,
    Dans la bastille que tu hantes !
    Celui qui dormait s'est éveillé
    Au tocsin des heures beuglantes.
    Il prendra sans doute
    Son bâton de route
    Dans ses mains aux paumes sanglantes.

    Il ira, du tournoi au combat,
    À la défaite réciproque ;
    Qu'il fende heaumes beaux et si clairs,
    Son pennon, qu'il...

  • Le soleil brûlant
    Les fleurs qu'en allant
    Tu cueilles,
    Viens fuir son ardeur
    Sous la profondeur
    Des feuilles.

    Cherchons les sentiers
    A demi frayés
    Où flotte,
    Comme dans la mer,
    Un demi-jour vert
    De grotte.

    Des halliers touffus
    Un soupir confus
    S'éléve
    Si doux qu'on dirait
    Que c'est la forêt
    ...

  • Et ce soir-là, je ne sais,
    Ma douce, à quoi tu pensais,
    Toute triste,
    Et voilée en ta pâleur,
    Au bord de l'étang couleur
    D'améthyste.

    Tes yeux ne me voyaient point ;
    Ils étaient enfuis loin, loin
    De la terre ;
    Et je sentais, malgré toi,
    Que tu marchais près de moi,
    Solitaire.

    Le bois était triste aussi,
    Et du...

  • Droite et longue comme un cyprès,
    Mon ombre suit, à pas de louve,
    Mes pas que l'aube désapprouve.
    Mon ombre marche à pas de louve,
    Droite et longue comme un cyprès.

    Elle me suit, comme un reproche,
    Dans la lumière du matin.
    Je vois en elle mon destin
    Qui se resserre et se rapproche.
    A travers champs, par les matins,
    Mon ombre...