En vain ton corps palpite et parle avec cent voix,
Ils disent l’âme absente,
Nature ! et tu n’as rien sous tes flots, sous tes bois,
Rien qui rêve et qui sente.

Simple théâtre, en toi l’homme seul est acteur,
Lui seul veut, souffre, expie.
Qui voit l’...

 
Sagesse des vieux jours, vierge mélodieuse,
Muse vêtue encor de la pourpre du ciel,
Manne que distillait une bouche pieuse,
Science des enfants, faite d'ambre et de miel !

La lumière et l'amour ruisselaient, ô déesse,
Sur ta chaste poitrine en un même...

 
CHŒUR DES ALPES

Vois ces vierges, là-haut, plus blanches que les cygnes,
Assises dans l’azur sur les gradins des cieux !
Viens ! nous invitons l’âme à des fêtes insignes,
Nous, les Alpes, veillant entre l'homme et les dieux.

Des amants indiscrets l’abîme...

 
Novembre aux cheveux gris s’est drapé dans sa brume ;
Il répand ses vapeurs sur le sillon qui fume,
Et, de ses fils d’argent croisés sur le gazon,
Tresse un premier linceul à la belle saison.
Près des bois, dépouillés comme un sombre ossuaire,
On pressent...

 
L’ABEILLE

Sur la ruche qui dort, Avril au doigt vermeil
Frappe, et le jeune essaim respire à son réveil
La fraîche odeur des sèves ;
Il s’envole et murmure à travers les pruniers ;
Et le même soleil, dans les cœurs printaniers,
Fait bourdonner les...

 
LE POÈTE

O naturel en ton sein où l’ennui me ramène,
Je sens une âme triste ainsi que l’âme humaine ;
Tu gémis : c’est pourquoi je t’apporte mon cœur.
Toi, du moins, tu n’as pas de sourire moqueur,
Jamais ton doux regard ne lance l’ironie,
Et ton...

 
Des pins sont clair-semés sur les bruyères sèches,
Noirs au fond d’un ciel rouge, aigus comme des flèches.
Des pics, à l’horizon fermé de toute part,
Des sommets dentelés déchirent le regard.
Voyez, dans ce ravin où, sur la roche aride,
Un vieux hêtre...

 
Sur les âpres sentiers du coteau basaltique,
J'entends crier le char de la Cérès antique.
Les blés étant semés, avant la fin du jour
Il ramène au hameau les outils du labour.
Sur le timon de frêne, un jeune boulier celte,
L'aiguillon à la main, se dresse...

 
I

Le navire est immense, un peuple entier l’habite ;
D’après un plan divin sa charpente est construite ;
L’homme en a pris le bois aux plus divers climats ;
Cent ans n’ont pas suffi pour en dresser les mâts.
Nul ne connaît son port, son vrai nom, ni son âge...

 
I

L’été frappe à la vitre avec son doigt vermeil :
Ouvrez votre maison et votre âme au soleil !
C’est Dieu dans ces clartés, c’est Dieu qui nous invite ;
Allons sur les hauteurs lui rendre sa visite ;
Dans l’ombre et dans le bruit nous vivions agités ;...