Maint homme qui m'entend, lors qu'ainsi je la vante,
N'ayant oncq rien pareil en nulle autre esprouvé,
Pense, ce que j'en dis, que je l'aye trouvé,
Et croit qu'à mon plaisir ces louanges j'invente.
Mais si rien de son los en sa faveur l'augmente,
Si de mentir pour elle il m'est oncq arrivé,
Je consens que je sois de son amour privé ;
Je consens,...
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Pardon, Amour, Pardon : ô seigneur, je te voüe
Le reste de mes ans, ma voix et mes escris,
Mes sanglots, mes souspirs, mes larmes et mes cris :
Rien, rien tenir d'aucun que de toy, je n'advoüe.
Helas ! comment de moy ma fortune se joue !
De toy, n'a pas long temps, Amour, je me suis ris :
J'ay failly, je le voy, je me rends, je suis pris ;
J'ay trop... -
Je voy bien, ma Dourdouigne, encor humble tu vas :
De te monstrer Gasconne, en France, tu as honte.
Si du ruisseau de Sorgue on fait ores grand conte,
Si a il bien esté quelquefois aussi bas.
Voys tu le petit Loir comme il haste le pas ?
Comme desjà parmy les plus grands il se conte ?
Comme il marche hautain d'une course plus prompte
Tout à costé... -
Je tremblois devant elle, et attendois, transi,
Pour venger mon forfaict quelque juste sentence,
A moi mesme consent du poids de mon offence,
Lors qu'elle me dict : " Va, je te prens à merci.
Que mon loz desormais par tout soit esclarci :
Emploie là tes ans, et, sans plus, meshuy pence
D'enrichir de mon nom par tes vers nostre France,
Couvre de... -
Quand viendra ce jour là, que ton nom au vray passe
Par France dans mes vers ? combien et quantes fois
S'en empresse mon coeur, s'en demangent mes doits ?
Souvent dans mes escris de soy mesme il prend place.
Maulgré moy je t'escris, maulgré moy je t'efface.
Quand Astree viendroit, et la foy, et le droit,
Alors, joyeux, ton nom au monde se rendroit.... -
Ce jourd'huy du Soleil la chaleur alteree
A jauny le long poil de la belle Ceres :
Ores il se retire ; et nous gaignons le frais,
Ma Marguerite et moy, de la douce seree,
Nous traçons dans les bois quelque voye esgaree :
Amour marche devant, et nous marchons apres.
Si le vert ne nous plaist des espesses forests,
Nous descendons pour voir la couleur... -
Or, dis je bien, mon esperance est morte.
Or est ce faict de mon ayse et mon bien.
Mon mal est clair : maintenant je veoy bien,
J'ay espousé la douleur que je porte.
Tout me court sus, rien ne me reconforte,
Tout m'abandonne, et d'elle je n'ay rien,
Sinon tousjours quelque nouveau soustien,
Qui rend ma peine et ma douleur plus forte.
Ce... -
Ô vous, mauditz sonnetz, vous qui prinstes l'audace
De toucher à Madame ! ô malings et pervers,
Des Muses le reproche, et honte de mes vers !
Si je vous feis jamais, s'il fault que je me face
Ce tort de confesser vous tenir de ma race,
Lors, pour vous, les ruisseaux ne furent pas ouverts
D'Apollon le doré, des Muses aux yeulx verts ;
Mais vous receut... -
Ce dict maint un de moy : " De quoy se plaint il tant,
Perdant ses ans meilleurs, en chose si legiere ?
Qu'a il tant à crier, si encore il espere ?
Et, s'il n'espere rien, pour quoy n'est il content ? "
Quand j'estois libre et sain, j'en disois bien autant ;
Mais certes celuy là n'a la raison entiere,
Ains a le coeur gasté de quelque rigueur fiere,... -
J'allois seul remaschant mes angoisses passes :
Voici (Dieux destournez ce triste mal-encontre !)
Sur chemin d'un grand loup l'effroyable rencontre,
Qui, vainqueur des brebis de leur chien delaissees,
Tirassoit d'un mouton les cuisses despecees,
Le grand deuil du berger. Il rechigne et me monstre
Les dents rouges de sang, et puis me passe contre,
...