Qui niera, Gillebert, s'il ne veut résister
Au jugement commun, que le siège de Pierre
Qu'on peut dire à bon droit un paradis en terre,
Aussi bien que le ciel, n'ait son grand Jupiter ?
Les Grecs nous ont fait l'un sur Olympe habiter,
Dont souvent dessus nous ses foudres il desserre :
L'autre du Vatican délâche son tonnerre,
Quand quelque roi l'a...
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Si tu ne sais, Morel, ce que je fais ici,
Je ne fais pas l'amour ni autre tel ouvrage :
Je courtise mon maître, et si fais davantage,
Ayant de sa maison le principal souci.
Mon Dieu (ce diras-tu), quel miracle est-ce ci,
Que de voir Du Bellay se mêler du ménage
Et composer des vers en un autre langage ?
Les loups et les agneaux s'accordent tout ainsi.... -
Panjas, veux-tu savoir quels sont mes passe-temps ?
Je songe au lendemain, j'ai soin de la dépense
Qui se fait chacun jour, et si faut que je pense
A rendre sans argent cent créditeurs contents.
Je vais, je viens, je cours, je ne perds point le temps,
Je courtise un banquier, je prends argent d'avance :
Quand j'ai dépêché l'un, un autre recommence,
Et... -
Dedans le ventre obscur, où jadis fut enclos
Tout cela qui depuis a rempli ce grand vide,
L'air, la terre, et le feu, et l'élément liquide,
Et tout cela qu'Atlas soutient dessus son dos,
Les semences du Tout étaient encore en gros,
Le chaud avec le sec, le froid avec l'humide,
Et l'accord, qui depuis leur imposa la bride,
N'avait encore ouvert la... -
Tu sois la bienvenue, ô bienheureuse trêve !
Trêve que le chrétien ne peut assez chanter,
Puisque seule tu as la vertu d'enchanter
De nos travaux passés la souvenance grève.
Tu dois durer cinq ans : et que l'envie en crève :
Car si le ciel bénin te permet enfanter
Ce qu'on attend de toi, tu te pourras vanter
D'avoir fait une paix qui ne sera si brève... -
Je n'ai jamais pensé que cette voûte ronde
Couvrît rien de constant : mais je veux désormais,
Je veux, mon cher Morel, croire plus que jamais
Que dessous ce grand Tout rien ferme ne se fonde,
Puisque celui qui fut de la terre et de l'onde
Le tonnerre et l'effroi, las de porter le faix,
Veut d'un cloître borner la grandeur de ses faits,
Et pour... -
Quand je vois ces messieurs, desquels l'autorité
Se voit ores ici commander en son rang,
D'un front audacieux cheminer flanc à flanc,
Il me semble de voir quelque divinité.
Mais les voyant pâlir lorsque Sa Sainteté
Crache dans un bassin, et d'un visage blanc
Cautement épier s'il y a point de sang,
Puis d'un petit souris feindre une sûreté
O... -
Ayant après long désir
Pris de ma douce ennemie
Quelques arrhes du plaisir,
Que sa rigueur me dénie,
Je t'offre ces beaux oeillets,
Vénus, je t'offre ces roses,
Dont les boutons vermeillets
Imitent les lèvres closes
Que j'ai baisé par trois fois,
Marchant tout beau dessous l'ombre
De ce buisson que tu vois
Et n'ai su passer ce... -
Quel est celui qui veut faire croire de soi
Qu'il est fidèle ami, mais quand le temps se change,
Du côté des plus forts soudainement se range,
Et du côté de ceux qui ont le mieux de quoi ?
Quel est celui qui dit qu'il gouverne le roi ?
J'entends quand il se voit en un pays étrange,
Et bien loin de la cour : quel homme est-ce, Lestrange ?
Lestrange,... -
J'aime la liberté, et languis en service,
Je n'aime point la cour, et me faut courtiser,
Je n'aime la feintise, et me faut déguiser,
J'aime simplicité, et n'apprends que malice ;
Je n'adore les biens, et sers à l'avarice,
Je n'aime les honneurs, et me les faut priser,
Je veux garder ma foi, et me la faut briser,
Je cherche la vertu, et ne trouve que...